Nos problèmes ont toujours une face cachée. Dès qu’ils surviennent dans notre vie, nous ne voyons plus que les désagréments et les conséquences pénibles. C’est le côté visible pour tout le monde.
Pourtant, leur face cachée est plus intéressante. Seulement voilà, peu s’en rendent compte pour en tirer profit.
La vie s’épanouit pleinement lorsqu’elle s’organise et se structure dans le but de s’adapter aux agressions extérieures. À chaque situation nouvelle, l’organisme improvise automatiquement un moyen d’y faire face. Son objectif est de rendre maximum sa durée. Au lieu d’user nos organes, les agressions extérieures les fortifient. Les activités physiologiques et mentales s’améliorent par l’usage et l’effort.
C’est la face cachée.
L’absence d’effort et la vie trop facile affaiblissent l’organisme et le rend plus vulnérable aux agressions inévitables.
Les problèmes nous immunisent et nous renforcent
Les vaccins ne sont pas des médicaments, mais des substances qui contiennent des virus affaiblis de la maladie. Ce principe révolutionnaire, découvert par Pasteur dans sa lutte contre la maladie du charbon et la rage, illustre une vérité contradictoire. Le vaccin ne lutte pas directement contre la maladie, mais les virus affaiblis poussent l’organisme à réagir et à produire des anticorps spécifiques. Une nouvelle infection trouvera un organisme immunisé déjà prêt à lutter efficacement.
Dans la vie, les expériences difficiles, voire pénibles, jouent le rôle du vaccin. Notre personnalité se fortifie et s’immunise progressivement. Les problèmes qui autrefois nous bouleversaient sont maintenant réglés rapidement. Nos forces et notre attention sont alors à même de se fixer sur d’autres questions nouvelles.
La recherche de la facilité à tout prix, le refus de l’effort volontaire, l’oisiveté et la pauvreté de l’exercice intellectuel font de l’homme moderne une citrouille au ventre mou, belle apparence, mais creuse à l’intérieur.
La moindre difficulté plonge un tel homme dans la détresse et la crainte.
« Ce que beaucoup cherchent, de nos jours, c’est un port tranquille pour y jeter l’ancre. Or, notre rôle n’est pas de toujours nous dire comment nous serions si… si la situation était autre, si l’on avait ceci ou cela, si certaines choses étaient comme autrefois, etc. mais de triompher des circonstances telles qu’elles se présentent aujourd’hui. Ce ne sont pas les faveurs du sort, mais bien ses coups qui forgent l’homme » (Emile Oesch).
Lorsque les astronautes reviennent sur terre après un long séjour dans l’espace, ils n’arrivent pas tout de suite à marcher. Leurs muscles, malgré les exercices très sérieux effectués dans le vaisseau, se sont détendus et manquent de puissance. De même, l’alimentation en pilules adoptée au début de l’exploration spatiale a été abandonnée au profit d’aliments lyophilisés. L’estomac a besoin de matières ayant un certain volume pour continuer de bien fonctionner.
L’alternance des circonstances favorables et adverses enrichit notre vie
Lorsque j’étais adolescent, je vivais au bord du lac. Une année, il n’a pas plu pendant au moins trois mois. C’est extrêmement rare en Suisse. L’été commençait. Tout le monde était content… au début. Les écoles étaient en congé de chaleur. Je profitai de faire de la voile.
Quelques semaines passèrent ainsi dans la bonne humeur et la joie de vivre. Puis les médias se mirent à tirer la sonnette d’alarme. Certaines communes manquaient d’eau. Les agriculteurs et les vignerons s’inquiétaient. Un mois passa encore sans pluie. C’était la catastrophe. Les gazons jaunissaient, les gens ne dormaient plus la nuit. Les ventilateurs étaient introuvables.
Deux ou trois ans plus tard, ce fut l’inverse. Le printemps fut épouvantable. Pendant deux mois, il pleuvait tous les jours durant des heures. Les gens étaient de mauvaise humeur. Les paysans s’embourbaient avec leur tracteur dans les champs détrempés. C’était la catastrophe.
C’est l’alternance de la pluie et du beau temps, des circonstances favorables et adverses qui enrichit et donne de la saveur à la vie. L’uniformité crée la fadeur et l’ennui. Tout obtenir de la vie sans difficulté et sans effort enlève le désir et l’envie. Tout devient anodin et sans saveur.
Seule l’alternance rend la vie intéressante. De plus l’alternance a encore un point très positif : si cela va mal aujourd’hui, il y a des chances que cela aille mieux demain. Après la pluie, le beau temps !