Trop et pas assez
Si je devais d’un seul mot qualifier ce qui fait notre vie d’homme et de femme dans notre monde occidental, pas de doute c’est le mot
TROP qui me vient spontanément à l’esprit :
- TROP de possessions
- TROP d’objets inutiles
- TROP d’activités
- TROP de distractions
- TROP de travail
- TROP de stress
- TROP de soucis
- TROP de connaissances disparates et non intégrées
- TROP de questions
- TROP de relations toxiques ou non gratifiantes
- TROP de lois et de règlements
- TROP de contraintes liées à tous ces TROP
- En fait, TROP de tout et de n’importe quoi !
A ce TROP est associé inévitablement l’expression PAS ASSEZ !
- PAS ASSEZ de satisfaction
- PAS ASSEZ de désir
- PAS ASSEZ de bonheur
- PAS ASSEZ de temps
- PAS ASSEZ d’amour et d’attention
- PAS ASSEZ de confiance
- PAS ASSEZ de réponses
- En fait, PAS ASSEZ de l’essentiel !
L’encombrement est causé par notre peur
Nos maisons et nos appartements sont encombrés, nos bureaux sont encombrés, nos armoires et buffets sont encombrés … Le TROP envahit notre espace physique de vie. Cela nous sécurise et nous rassure. C’est un réflexe naturel : il faut avoir assez … assez d’argent … assez de provisions … assez d’habits … assez de voitures … assez de tout … pour ne pas manquer !
La peur de manquer est à la base de notre besoin viscéral d’avoir TROP … pour avoir au minimum ASSEZ quoiqu’il arrive ! On ne sait pas ce que la vie nous réserve !
Cet encombrement matériel encombre notre esprit et notre cœur. Ce besoin irrépressible d’avoir ASSEZ oriente notre esprit vers la matière et l’encombre de préoccupations, certes souvent nécessaires. Il faut bien assurer l’avenir.
L’encombrement de nos vies est une manifestation de notre peur.
Notre boussole interne ne sait plus où se trouve la limite entre PAS ASSEZ et TROP. Elle est désorientée et nous trompe en nous faisant passer à côté de l’essentiel.
L’encombrement est causé par notre quête de pouvoir
Nos possessions sont une extériorisation du pouvoir que l’on détient ou croit avoir sur le matériel et le vivant. Nous en arrivons même à penser que nos possessions sont une extension de notre être.
Plus nous possédons, plus nous « sommes », plus nous nous donnons le droit d’augmenter notre emprise sur le matériel et les autres.
L’encombrement est causé par un déficit d’image de soi
L’homme cherche en dehors de lui, dans le matériel, le supplément d’âme dont il a besoin pour compenser le déficit de son image de lui-même.
L’encombrement n’est pas seulement matériel
On retrouve ce principe simple dans d’autres domaines que celui des possessions. Voici quelques exemples :
- L’activité : renoncer à certaines activités dégage du temps pour d’autres plus en harmonie avec nos envies et nos besoins
- Le relationnel : se séparer de relations toxiques ou peu gratifiantes permet de libérer de la disponibilité pour en trouver d’autres plus satisfaisantes
- Le savoir : prendre du recul face à ses acquis et à ses diplômes, voire les remettre en question si nécessaire permet de s’ouvrir à de nouvelles connaissances
- L’être : découvrir que nous ne sommes pas le rôle social que nous jouons dans la société, ni notre Moi conscient, puis refuser de nous y identifier permet de laisser monter à la surface notre personnalité naturelle et authentique
L’encombrement nous coûte, il nous coûte l’essentiel même, ce qui compte vraiment pour nous.
TROP de certaines choses nous empêchent d’avoir ASSEZ de ce qui est essentiel à notre vie d’homme et de femme !
Finalement, l’encombrement est le signe d’une compensation
Sans cesse, nous négocions avec la réalité, nous faisons du commerce sans nous en rendre compte. En tant qu’être vivant, nous avons une multitude de besoins et de désirs. Certains besoins de base sont facilement satisfaits dans notre commerce avec la réalité, mais nos besoins plus élevés, la reconnaissance, l’estime, la compréhension, la création, l’accomplissement, l’expression, la réalisation de soi sont nettement plus difficiles à satisfaire.
Cette insatisfaction chronique crée un vide en nous, vide que nous cherchons par tous les moyens à combler par toutes sortes de choses, des possessions, des relations, des connaissances etc. Nous compensons ce vide existentiel, plus ou moins important et conscient par des choses qui ne nous combleront jamais pleinement.
Nous voulons parer à notre vulnérabilité, à notre sentiment d’insécurité, à notre peur, à notre vide intérieur en nous encombrant, nous compensons. Mais dans ce commerce avec la réalité, nous sommes les pigeons de ces transactions. Le vide subsiste, la compensation n’atteint pas son but.
L’encombrement est le résultat d’un commerce avec la réalité, les choses, les êtres, l’environnement. Mais dans cette compensation du vide qui nous habite, nous n’obtenons jamais véritablement ce que nous recherchons. Nous restons frustrés de l’essentiel !