On récolte ce que l’on a semé
Qui sème mieux récolte mieux. Plus il y a de racines, plus les fruits sont abondants. L’arbre le meilleur, celui qui donne le plus de fruits, c’est celui qui a les racines les plus profondes.
La terre est fertile, elle rend au centuple le grain que nous lui confions à bon escient.
La terre est inépuisable, si nous la cultivons intelligemment.
Tout sur cette terre est symbole. Cultiver, labourer, semer, récolter sont aussi des symboles.
L’homme n’a pas que le sol à cultiver, mais bien d’autres choses encore.
L’un crée, l’autre utilise ; l’un pense, l’autre vit au jour le jour. Chacun cultive et sème à sa manière.
Mais nul ne récolte autre chose que ce qu’il a semé.
Certes, la graine est importante. Mais il est tout aussi important de savoir où, quand et comment on la sème.
Les opérations se suivent comme se déroule le cycle des saisons : labourer, semer, récolter.
Sachons ce que nous semons et comment nous le semons. Car nos récoltes en dépendent,
La glèbe est là. A nous de bien la cultiver.
Celui qui veut récolter doit commencer par semer.
A pauvres semailles, pauvre récolte ! A bonnes semailles, bonne récolte !
Celui qui veut récolter doit d’abord semer, oui. Mais il doit encore avoir la patience d’attendre la récolte.
Celui qui sème et s’en va avant que le grain ne mûrisse laisse la récolte à d’autres.
Rendre service
Pour se faire des amitiés durables, il faut soi-même se comporter en ami. Ceci est également vrai dans la vie professionnelle.
Nous ne devrions pas confondre gagner et profiter.
Celui qui veut vraiment gagner ne doit pas être le seul a profiter.
Exiger un salaire équitable en échange d’un travail bien fait, ce n’est pas profiter, loin de là. Il s’agit là d’une chose légitime.
Celui qui veut vraiment vendre avec profit laisse à l’acheteur la plus grande part du profit sous forme des avantages qu’il lui offre.
Une bonne affaire profite aux deux parties : notre partenaire doit y gagner autant que nous.
Rendre service, c’est offrir à notre prochain ce qui correspond à ses besoins.
L’essentiel n’est pas de gagner de l’argent, mais la confiance et l’estime de notre partenaire.
Le meilleur moyen d’intéresser autrui à nous est de nous intéresser à lui.
Que celui qui manque de confiance en soi commence par examiner s’il ne lui manque pas tout simplement la notion de ce qu’il pourrait faire pour les autres.
Celui qui produit moins qu’il ne pourrait manque à son devoir.
Celui qui encaisse des bénéfices en appauvrissant son âme ne réalise en réalité que des gains fictifs.
Seul ce qui rend vraiment service et fait ses preuves peut représenter un gain réel.
En fait, le gain de chacun est à la mesure de ses intentions. Et nous ne possédons vraiment que ce que nous pouvons apprécier convenablement, ce dont nous pouvons réellement jouir.
Nul ne doit s’attendre à recevoir plus qu’il ne donne lui-même.
Combien ont échoué pour avoir oublié que vivre, c’est servir.
Vivre sans servir, ce n’est pas vivre. Ne vivre que pour soi-même, c’est se condamner à l’insuccès.
Nous ne grandissons que dans la mesure où nous servons.
Celui qui construit sa vie sur le service n’aura pas vécu en vain.
De l’argent et de la fortune
Nombreux sont ceux qui croient ou croyaient qu’en amassant de l’argent, ils assuraient leur sécurité pour l’éternité. Celui qui pense que l’argent est le seul fondement et le seul instrument de son indépendance ne sera jamais indépendant.
La seule sécurité réelle qu’un homme puisse actuellement avoir en ce monde, c’est la conscience de sa force morale et de sa vocation, et une solide réserve de connaissances, d’expérience et de compétence.
Sans cette base et ces qualités, l’argent n’a pratiquement aucune valeur.
L’argent n’est que du métal sans valeur, si l’on ne possède pas en même temps la mentalité qui permet d’en faire un usage judicieux.
Il est bon d’avoir de l’argent et les biens que procure l’argent. Mais il faut s’assurer de temps à autre que l’on n’a pas perdu des biens qui ne s’achètent pas à prix d’argent.
De tout temps, la force morale s’est avérée plus précieuse que les biens matériels.
Les biens matériels peuvent être anéantis. Les forces spirituelles croissent même dans la tourmente.
Les choses n’ont une réalité et une chance de durer que dans la mesure où elles sont bonnes.
On oublie trop souvent que les forces d’un peuple et d’un individu ne résident pas dans leurs réserves d’or, mais dans leur valeur morale et spirituelle et dans la somme de leur productivité.
Ce qui compte, ce n’est pas l’argent que l’on possède ou que l’on croit posséder, mais la faculté d’exercer une activité féconde.
Si l’on voulait aller encore plus loin, on devrait même dire que l’essence du progrès humain n’est pas l’accroissement des valeurs matérielles, mais celui des richesses intérieures.
A notre avis, il y a encore dans notre peuple et dans le monde une telle somme de richesses spirituelles et de forces productives que nous ne devons craindre aucun appauvrissement.
Dans l’ensemble, l’humanité n’a mis en œuvre jusqu’ici qu’une faible partie des possibilités de produire qui résident en elle. Nous n’utilisons qu’une petite fraction des forces constructives dont nous disposons.
En somme, nous ne pouvons nous appauvrir que de deux manières : financièrement et spirituellement. L’argent est secondaire, seules les valeurs spirituelles importent.
Voltaire a eu raison d’écrire que ce ne sont pas l’or et l’argent qui font l’agrément de la vie, mais l’esprit. Un peuple qui n’a que ces métaux dits précieux vivra misérablement. Mais un peuple qui, privé de ces métaux, saura tirer parti de ce qu’il produit sera en fait un peuple riche.
Par là, nous n’entendons pas condamner l’argent en soi. Il en est de lui comme de toutes choses : leur valeur pour l’homme dépend de l’usage qu’il en fait.
Ne pas se tourmenter, mais risquer !
Certes, nous devons savoir comment nous dépensons notre argent. Mais précisément dans les questions d’argent, une certaine libéralité, adaptée aux circonstances, est nécessaire.
On ne verra jamais un homme vraiment efficient tenir anxieusement à chaque centime qu’il possède.
Les avares ne se risqueront jamais à entreprendre quelque chose de bien. Ils ont bien trop peur de perdre leur cher argent.
S’ils se décident enfin, ils feront sûrement une bêtise et perdront leur argent, comme ils s’y attendaient.
La plupart de ceux qui ont réussi sont partis de conditions modestes et se sont élevés par leur propre travail. Ils ont commencé sans rien. Ils n’avaient donc rien à perdre, mais tout à gagner.
Leur goût du risque les a aidés à réussir.
Ils ont appris à ouvrir les yeux, à se démener, à voir les occasions et à les saisir.
Au fond, peu importe qu’un homme naisse riche ou pauvre. Ce qui compte, c’est son intelligence et son attitude morale.
Pour réussir, il ne faut pas être mesquin.
Savoir gagner de l’argent, c’est souvent savoir se rendre utile
La recherche du profit n’est pas le fait exclusif de celui qui fait profession de produire, d’acheter et de vendre.
Souvent, on ne réfléchit pas assez à ce qu’est notre économie. Elle consiste tout simplement à acquérir et mettre en valeur des matières premières, à les affiner et les travailler et à assurer l’écoulement de tous les biens produits par le travail intellectuel et manuel.
A quoi sert au paysan sa récolte de pommes de terre, s’il ne peut pas la réaliser, c’est-à-dire la vendre ? Lui aussi doit compter dans son prix de vente le coût de production, les frais, les intérêts et son salaire.
Comment une entreprise qui compte 5, 500 ou 1000 ouvriers pourrait-elle donner du travail à tous, si les produits qu’elle fabrique ne se vendaient pas ?
Comment serait-il possible de créer du travail, sans la collaboration des cerveaux les plus capables, sans les efforts de tous les praticiens de l’économie et de la vente ?
Le mobile du travail ne devrait pas être d’augmenter les ventes, car un tel mobile accentue la concurrence et par là la crise de confiance générale. Cette opinion a été émise par un homme d’affaires qui n’était pas apte à lutter contre la concurrence.
Bien sûr, on peut avoir de tout autres mobiles, par exemple : la nécessité de gagner sa vie, la volonté de travailler et de créer quelque chose, le désir inné de faire mieux, de réaliser des progrès, de ne pas rester stationnaire.
Mais tous ces mobiles amènent tout naturellement le producteur, le paysan, le fabricant, l’artisan, le commerçant et tout celui qui travaille à s’efforcer de produire et d’offrir davantage. Les abus — il y en aura toujours ! — ne changent rien à ce fait.
La crise de confiance a une toute autre origine. Comme bien d’autres phénomènes parmi lesquels les excès de la concurrence ne tiennent qu’une petite place, elle a sa source .profonde dans la nature insondable et les errements de l’homme.
Le paysan qui plante des variétés de fruits meilleures et nouvelles et les apporte au marché ne cherche-t-il pas, lui aussi, à augmenter son chiffre d’affaires ?
Et l’artisan qui, pour vendre des meubles créés à son idée, ouvre un atelier et commence une nouvelle existence ?
Et le libraire qui se risque à ouvrir un magasin ? L’éditeur qui cherche à augmenter le nombre de ses abonnés ? Ne tendent-ils pas tous à augmenter leur chiffre d’affaires ?
Les inventeurs, quel que soit leur domaine, et tous ceux qui créent quelque chose de nouveau augmentent eux aussi la concurrence.
Et celui qui, grâce à plus d’efficience et de connaissances, obtient un emploi que des centaines d’autres ont postulé avec lui, n’avive-t-il pas la lutte que nous appelons concurrence ?
Tout celui qui fait la même chose que son prochain est en concurrence avec lui.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Aucun progrès n’est concevable sans concurrence entre les hommes.
II est clair que la lutte effrénée dont la nature nous donne le spectacle doit être éliminée, car elle est indigne de la communauté humaine.
C’est à l’Etat, en sa qualité de représentant de la collectivité, qu’il incombe de veiller au bien de chacun et de sévir partout où la force et la ruse veulent s’imposer, de protéger les gens honnêtes et convenables contre les individus malhonnêtes et sans scrupules.
Mais la concurrence est nécessaire, car elle mobilise les forces les meilleures qui sont en l’homme.
Savoir gagner de l’argent, c’est souvent savoir se rendre utile
Un être constamment chaperonné et enveloppé dans de l’ouate n’accomplira jamais rien de grand.
Celui qui veut gâter la carrière de ses enfants n’a qu’à écarter tous les obstacles de leur chemin.
Les hommes qui sont arrivés à quelque chose ont dû lutter. Les cailles ne leur sont pas tombées » « toutes rôties dans la bouche.
Léonard de Vinci, un des plus grands artistes de tous les temps, dont beaucoup pensent qu’il serait arrivé encore plus loin s’il n’avait pas dû tellement lutter pour l’existence, disait : « La force naît de la nécessité et meurt dans la liberté. »
II est compréhensible que beaucoup préféreraient aujourd’hui la fuite plutôt que de lutter, d’être aux prises avec le monde extérieur et les problèmes à résoudre.
Ils aimeraient mieux rêver dans une tranquillité claustrale à des idées et des plans pour améliorer le monde.
Des milliers d’hommes rêvent d’améliorer le monde, de tout transformer. Et ils oublient que le devoir de chacun est en premier lieu d’accomplir sa tâche concrète, immédiate.
Les grandes choses sont le fruit de mille petites tâches accomplies consciencieusement.
Beaucoup sont mécontents d’eux-mêmes et du monde parce qu’un caprice du sort les a destinés à s’occuper de dents cariées, de paragraphes, d’enfants mal élevés, de drogues ou de machines.
Ils oublient qu’il y a dans leur métier même des centaines de belles possibilités.
Des hommes habiles et capables peuvent contribuer à remettre sur pied une entreprise, une ville et même tout un pays.
Que de malentendus à propos du petit mot « social ». Résoudre la question sociale ne signifie pas « se caser », avoir la belle vie avec un minimum d’efforts.
Cela signifie maintenir et accroître les possibilités de développement de chacun.
Chez bien des personnes, la théorie et la pratique, les paroles et les actes s’accordent comme l’eau et le feu ! On chercherait en vain dans leur activité professionnelle la trace des idées qu’ils professent.
C’est que beaucoup de gens apparemment altruistes, qui parlent tout le temps d’idéaux, sont en réalité incapables d’accomplir le moindre acte d’altruisme.
En somme, ils vivent d’illusions et s’en nourrissent.
Beaucoup semblent être des égoïstes qui sèment, labourent et récoltent activement. Pourtant, ils travaillent en réalité pour les autres. Ils créent des possibilités de travail et d’action, et collaborent à l’harmonie du monde.