Quelle est notre conception du bonheur?
Êtes-vous assis bien confortablement? Alors, rêvons un peu! Fermons les yeux et essayons de nous imaginer dans des situations de bonheur.
Celle que mon cœur chérit se blottit dans mes bras quand je la demande en mariage… Au petit matin, après une nuit de souffrance, notre premier enfant vient au monde… Le gros lot gagné à la loterie me permet d’acheter une nouvelle voiture… L’emploi pour lequel j’ai postulé m’est accordé, alors que cinquante autres candidats s’étaient déjà présentés… Je suis élu à une fonction politique que je désirais depuis longtemps… Je suis aimé et apprécié de mes nombreux amis…
Je fabule, bien sûr. Mais il est toujours agréable de rêver, n’est-ce pas? À quoi avez-vous pensé cher lecteur? À l’amour, la prospérité, la réussite, la célébrité, la puissance… ?
Le bonheur n’est pas forcément là où l’on pense
Un jour, un concours de peinture fut organisé. Chaque peintre était invité à fixer sur la toile ce que représentait pour lui la paix, la sérénité, le bonheur. L’un dessina un champ labouré, avec des ouvriers finissant de jeter la semence. Au loin, le soleil se couchait. Le ciel était paisible, traversé par un vol d’oiseaux se dirigeant vers d’autres horizons. Un autre montra un couple d’amoureux enlacés sur un banc.
Un troisième représenta une chute d’eau furieuse. Des rochers étaient précipités par la puissance du courant. Au bas de la chute, un immense nuage d’écume envahissait les alentours. Un visiteur, intrigué par cette toile, demanda au peintre: «Je vois très bien dans les autres tableaux le bonheur du travail qui s’achève dans la tranquillité de la nuit tombante, ou la tendre relation de deux êtres qui sont pleins d’espérance pour l’avenir. Mais dans votre tableau, je ne vois que fracas et éléments en furie. Où se trouve la sérénité et le bonheur?» Le maître répondit: «N’avez-vous pas remarqué la colombe blanche posée sur ce rocher à côté de la chute d’eau? Regardez-la bien, n’exprime-t-elle pas le calme, malgré l’eau bouillonnante?»
Tous, nous avons notre conception du bonheur, du succès ou de la réussite. Souvent, nous nous attendons à ce que les circonstances extérieures créent des conditions favorables à notre bien-être. Qui pourrait s’inscrire en faux contre cela?
Toutefois, le maître qui a peint le troisième tableau nous interpelle au travers de la colombe. Le bonheur a généralement pour origine des circonstances extérieures favorables, mais il peut aussi exister malgré des événements peu propices.
La vraie nature du bonheur
Le bonheur est une attitude de satisfaction intérieure. Il est compatible avec toutes les situations et toutes les formes de l’activité humaine.
«Oui, oui, me direz-vous. Facile à dire! Mais quand on est au creux de la vague, c’est une tout autre affaire». Vous avez raison. Penser que le bonheur est un état définitif et aisé à conquérir est une illusion. Il n’est pas un état passif, mais une attitude dynamique; pas une destination, mais un voyage passionnant. Il y a un prix à payer. Mais les intérêts sont tellement considérables, qu’il vaut la peine d’investir.
Tout est dans notre perception des circonstances
N’avez-vous jamais rencontré quelqu’un ayant tout pour être heureux, argent, succès, santé, amour… et pourtant, il n’est pas satisfait. Il cherche à gagner encore plus d’argent, à avoir davantage de succès ou autre chose qui puisse le combler vraiment. Tel autre, par contre n’est pas bien beau, ni intelligent. Il arrive juste à nouer les deux bouts, mais son regard exprime la joie de vivre. Ou voici une dame, veuve depuis quelques mois, qui s’est retirée dans son appartement. Elle ne désire voir personne et se plaint amèrement de son sort quand quelqu’un ose venir la voir. Ou voilà un homme qui a perdu son emploi il y a déjà plusieurs mois. Après un moment de découragement, il se décide à investir ses économies et avec l’aide de quelques amis crée une petite entreprise. Avec un peu de recul, notre homme se rend compte que sa mise au chômage a été pour lui l’occasion de se mettre à son compte.
Pour certains les difficultés sont un mur infranchissable, pour d’autres un tremplin leur permettant d’aller plus loin dans la vie.
J’ai trois charmantes petites filles. Il m’arrive parfois de danser avec les deux plus grandes sur une musique entraînante. Nous faisons beaucoup de bruit. Parfois même des objets tombent. Cela nous fait beaucoup rire. Un autre jour, je rentre contrarié du travail. Les enfants dansent en tournant en rond. L’une trébuche, tombe et pleure. Je m’empresse d’arrêter la musique et expédie les enfants dans leur chambre. J’en ai la tête cassée.
Qu’est-ce qui a fait la différence? Le rythme de la musique ou mon attitude intérieure?
Le bonheur est-il dépendant des circonstances?
Notre bonheur dépend moins des circonstances que de la manière dont nous les percevons. Nous ne sommes pas toujours les auteurs de ce qui nous arrive, mais nous sommes responsables de notre réaction face aux événements. Par la prise de conscience et l’entraînement, nous pouvons contrôler le retentissement des circonstances dans notre existence.
C’est notre attitude qui est déterminante, pas l’événement.
Peut-être vous demandez-vous pourquoi j’insiste tellement sur ce point? Pour la raison suivante: le plus souvent, nous ne pouvons pas changer grand-chose à nos circonstances. Notre action est limitée. Par contre, en comprenant le pourquoi et la nature de nos réactions, nous pouvons les transformer petit à petit. Finalement, nous découvrirons que cette nouvelle perception des choses nous a changés. Et comble de surprise! Certaines circonstances commenceront elles aussi à se modifier en notre faveur.
Un bonheur complet pour l’homme entier
Dans leur recherche d’une vie plus heureuse, certains affirment: «L’important, c’est la santé!» D’autres: «Aimer et être aimé, voilà l’essentiel!» – «Réussir ce que l’on entreprend, voilà la véritable satisfaction!» … D’autres encore, plus religieux diront: «Le bonheur parfait ne se trouve qu’en Dieu. Détachez-vous de tout ce qui est terrestre, car le monde est mauvais»…
Après quel bonheur courons-nous?
Eh bien, je dis non! L’homme ne se réduit pas à ses seuls sentiments ou à ses capacités d’action, ni même à la puissance de son intelligence ou à sa spiritualité. Il est fait de chair et de sang, mais aussi de conscience. Il a un corps qui le met en contact avec le monde physique, une âme qui lui permet d’être en relation avec autrui, et un esprit qui le pousse à chercher le sens et le pourquoi de sa vie.
L’homme n’est pas qu’un corps, ni seulement une âme ou un esprit. Il est un tout inséparable. Cette vérité sur l’homme a été soulignée avec force par des hommes tels que les docteurs Alexis Carrel (Prix Nobel de médecine) et Paul Tournier.
Ne pas nous limiter
La recherche d’une vie meilleure appliquée à une seule partie, le corps, l’âme ou l’esprit, fera de l’homme un être peu équilibré et continuellement déchiré intérieurement. Ses autres besoins, non pleinement satisfaits reviendront sans cesse le solliciter.
J’aimerais souligner ce point. L’homme qui ne développe que le domaine matériel, la richesse, son corps, sombrera assez vite dans l’insatisfaction. Celui qui ne voit que ses relations interpersonnelles, fera de sa conception de l’homme une idole. Le «spirituel» qui ne se préoccupe que de Dieu finira par vivre sur son petit nuage mystique, coupé de la réalité. Il deviendra vite la proie de l’illuminisme.
La recherche d’une vie meilleure doit prendre en compte toutes les parties de l’être humain. Il s’agit de conquérir un bonheur complet pour l’homme entier.
La plus petite action vaut mieux que la plus grande intention!
Un homme vient d’acheter un nouveau filet pour la pêche. Tôt le lendemain matin, notre pêcheur prend sa barque et va jeter son nouveau filet. Puis, confiant dans le résultat, il rentre à la maison et … oublie son filet. Finalement, un beau jour, en passant par-là, il remarque une bouée portant sa marque. Il se souvient. Quel désastre! Des algues ont complètement envahi son filet. Des quantités de mailles sont déchirées. Et, bien sûr, les poissons avaient omis de tester son nouveau filet.
Invraisemblable, me direz-vous? Et pourtant… En lisant ce livre, vous allez en quelque sorte recevoir un nouveau filet. Il devrait normalement vous attirer plein de bonnes choses. Mais voilà, il faut s’en servir quotidiennement et ne pas l’oublier dans un coin de votre mémoire.
Bonne pêche!
Principes à méditer: qu’est-ce que le bonheur?
- Le bonheur n’a pas seulement son origine dans des circonstances favorables. Il peut demeurer malgré des événements peu propices.
- Le bonheur est une attitude de satisfaction intérieure. Il dépend moins des événements que de la manière dont nous les percevons. Il est compatible avec toutes les situations et toutes les formes de l’activité humaine. Ce n’est pas un état définitif, mais une attitude dynamique; pas une destination, mais un voyage.
- Nous ne sommes souvent pas les auteurs de ce qui nous arrive, mais nous sommes responsables de notre réaction. Nous ne pouvons pas changer toutes nos circonstances, mais nous pouvons par une prise de conscience et avec de l’entraînement contrôler nos réactions.
- L’homme n’est pas que son corps, ni seulement son âme ou son esprit. Il est un tout indivisible.
- La recherche d’une vie meilleure doit prendre en compte toutes les parties de l’homme, son corps, son âme et son esprit, il s’agit de conquérir un bonheur complet pour l’homme entier.
- La plus petite action en vue de changer quelque chose dans votre vie vaut mieux que la plus excellente des intentions.
Questions pour réfléchir seul ou en groupe
- Revenez en arrière dans votre vie. Remémorez-vous les situations de bonheur que vous avez connues. Pourquoi avez-vous été heureux à ces moments-là? Quand avez-vous le plus appris sur vous, les autres, la vie? Etaient-ce grâce à des circonstances favorables ou plutôt pénibles? Quels enseignements en tirez-vous?
- Comptez-vous beaucoup sur les autres et les circonstances favorables pour être heureux? Que se passe-t-il quand ceux-ci ne répondent pas à votre attente? Quel rôle jouez-vous dans la pièce de votre vie, le metteur en scène ou le figurant?
- Qu’attendez-vous de l’existence? Faites une liste de ce que vous aimeriez expérimenter. Fixez-vous des objectifs qui vous stimuleront à fournir l’effort pour les atteindre.