Au mot « sens » est rattaché plusieurs définitions dont :
- le sens est la signification
- le sens est la direction
Quand on s’interroge sur le sens de la vie en général et en particulier sur le sens de sa vie, on fait référence plutôt à sa signification intime. On formule ce questionnement ainsi :
- Quel est le sens (=signification) de ma vie ?
- Pourquoi suis-je ici ou pour quoi suis-je ici ?
- Quelle est ma mission ou ma vocation ?
- Quel est le but de ma vie ?
- Quelle est la justification de ma vie ?
Formulées ainsi, ces questions orientent vers l’être, d’autres diraient l’essence de ce que je suis, parfois mon rôle social ou ma fonction.
Le sens de notre vie se réduit-il à notre fonctionnement dans la société ?
Je suis un homme marié ou célibataire. Je suis salarié ou indépendant. Je suis locataire ou propriétaire. Je suis étudiant ou retraité. Je suis père ou mère.
Notre société aime nous mettre dans des petites boîtes bien sécurisantes. Il suffit de remplir un formulaire administratif pour s’en rendre compte.
Que nous demande-t-on ?
Notre nom et prénom, notre date de naissance, notre numéro d’assurance sociale, notre adresse, notre statut matrimonial, notre profession etc. Notre être est alors défini par notre statut social, notre fonction. A ce statut est assorti des droits et des obligations.
Nous trouvons alors le sens de notre vie (= la justification de notre vie) dans l’exécution normale des obligations de notre statut et la jouissance de nos droits.
Pour s’en convaincre, il suffit de considérer une personne sans domicile fixe, un clochard : pas de travail, pas de toit, pas de moyens de subsistance, rupture des liens familiaux, abandonné à lui-même, mais sans contraintes sociales. Il paie cher sa liberté. Il se trouve ou s’est mis hors de la société, il n’a plus de statut, de fonction sociale. Il ne fait que survivre, à nos yeux sa vie n’a plus de sens !
Dans cette logique commune, le sens de notre vie se trouve dans notre bon fonctionnement social.
Ne dit-on pas souvent à la mort d’une personne appréciée : « il a été un bon père de famille, un bon mari, un bon travailleur, un bon collègue » ? Dans notre esprit, le sens de la vie de cette personne était d’avoir bien fonctionné dans ces divers rôles sociaux.
Mais nous sentons bien qu’en ce qui nous concerne, ce sens-là n’est de loin pas suffisant. Il y a autre chose.
Le sens de notre vie ne se trouve pas … seulement … dans notre adéquation quotidienne aux rôles sociaux que nous avons endossés plus ou moins volontairement. Notre être, notre essence ne se réduit pas à nos fonctions dans cette société.
De même, le sens de notre vie, finalement, ne se trouve pas dans notre bon fonctionnement. Il est ailleurs.
Le sens de notre vie n’est pas extérieur à nous-mêmes
Le sens de notre vie ne se trouve pas dans les rôles que la société nous donne et que nous avons intégrés sans vraiment nous en rendre compte.
Ne se trouverait-il pas dans la foi religieuse ?
Du fait de mon statut de créature, je me devrais de trouver en la religion le sens de ma vie.
Dans cette approche, le but de l’homme, le sens de sa vie serait en lien direct avec la religion, il se trouverait en elle et pas en lui. Le sens de la vie serait donné de l’extérieur par la religion, par l’Eglise ou la mosquée. Il suffirait … et c’est un grand travail … de le trouver. Il s’agiraitt de se mettre à la recherche de ce qui est donné dès le départ : le sens de sa vie. Et pour certains, il y faut toute une vie.
On remarquera, sans esprit polémique, que d’adhérer à cette approche signifie pour le croyant d’être un bon citoyen, un bon travailleur, un bon époux fidèle, un bon père ou mère de famille et en plus un bon « fidèle ». Nous ne sommes pas en présence d’une foi chevillée au cœur qui oriente notre vie de l’intérieur, mais d’un moralisme extérieur et aliénant.
Cette compréhension religieuse extérieure à notre réalité intime du sens de la vie nous rend encore plus conforme, en liant notre conscience, à nos rôles sociaux. Elle renforce le formatage de la société en y donnant une motivation religieuse.
La bonne manière de poser la question, à mon sens, est devenue : « Quel est le sens que je veux donner à ma vie ».
Il s’agit non plus de se focaliser sur la signification qui serait donnée d’avance, mais sur la direction que je veux donner à ma vie. Et cette direction, j’ai la liberté de la choisir. Je sors d’une logique aliénante pour adhérer à une logique de liberté.
La boussole de notre vie
Au soir de notre vie, nous pourrons jeter un regard en arrière et mieux voir le chemin parcouru avec ses aléas, ses sinuosités et ses grands boulevards.
Notre chemin de vie aura été le reflet exact de nos choix et du sens (direction) que nous aurons voulu y donner.
Les hasards, la chance ou la malchance ne seront finalement que des incidents ponctuels comme lorsque nous approchons un bout de fer d’une boussole. L’aiguille change subitement de direction, mais ensuite reprend sa direction. Cette direction, c’est le sens que nous avons voulu donner à notre vie.
Le sens de la vie n’est pas donné d’avance ni extérieurement, le sens se conquiert chaque jour par l’action sur et dans le réel.