L’instinct de propriété est une manifestation d’affirmation du Moi
En évoluant et en agissant dans les divers domaines du réel, nous avons une attitude naturelle de propriétaire :
- MA maison, MA voiture, MON argent …
- MON travail, MES résultats, MA réussite …
- MA femme, MON mari, MES enfants, MES amis …
- MES connaissances, MES diplômes, MES acquis …
- MON désir, MES besoins, MES sentiments, MON MOI!
Se sentir propriétaire (même de ce que ni ne nous appartient pas en propre !) est une donnée immédiate de notre conscience d’exister. C’est une manière naturelle d’entrer en relation avec le monde, les autres et soi-même.
Je me pose en MOI face à TOI et au monde. Pouvoir dire, ceci est à MOI, c’est aussi exprimer que ceci n’est pas à TOI et que MOI se distingue de TOI.
L’instinct de propriétaire est une manifestation naturelle de l’affirmation du MOI.
J’ai besoin, comme tout être vivant, d’avoir un espace à MOI où je me sente en sécurité, un espace où je suis seul à avoir des droits et y rassembler des objets à MOI. C’est ainsi que j’arrive à me penser comme un être qui existe, un MOI.
Que redire à cela ?
Il ne s’agit pas de remettre en question ce besoin viscéral de propriété et ainsi tomber dans une sorte d’anarchisme (TOUT est à TOUS et RIEN n’est à PERSONNE). Au 20e siècle, le communisme, qu’il soit soviétique ou autre, a essayé avec le succès et les conséquences que l’on connaît: des millions de personnes sont devenues les esclaves de l’Etat dont elles attendaient TOUT.
Le MOI enfle et devient prédateur
Mais voilà le MOI dans son affirmation de soi est souvent victime de lui-même : le MOI enfle, il développe une véritable inflation du MOI. Il annexe le TOI et le monde. Dans sa relation avec TOI et le monde, le MOI est en permanence insatisfait.
Ne trouvant pas en SOI les ressources intérieures, il les cherche en dehors du MOI et s’empare de TOI et du monde. Il est celui qui prend et qui prend le plus possible.
Son instinct de propriétaire a fait de lui un prédateur.
Cet instinct de propriétaire qui va jusqu’à la prédation s’est retourné contre le MOI. Le TOI et le monde ne sont plus que des objets et des instruments du succès et de l’affirmation du MOI. Le MOI est enfermé sur lui-même et coupé du flux de la vie en lui. L’inflation du MOI a provoqué son dépérissement par l’encombrement de lui-même. Il est comme la Mer Morte qui reçoit le Jourdain sans le redonner. Il est une mare stagnante où la vie ne se développe plus.
Se sentir propriétaire induit une impression d’encombrement de notre vie, provoque beaucoup de soucis, de préoccupations et de tensions pour défendre ses droits et profiter de ses possessions matérielles et immatérielles.
Sans pour autant renoncer à toute propriété bien réelle et ainsi tomber dans l’ascétisme et le retrait du monde, je préconise un changement d’attitude en devenant gérant de nos possessions, de notre activité, de nos relations interpersonnelles, de nos connaissances et de notre être.