Nous devons avoir des buts méritant que nous nous y consacrions tout entier.
Le manque de buts clairs et bien définis, voilà ce dont souffre notre époque.
Nous devons avoir des buts méritant que nous nous y consacrions tout entier
L’homme, la corporation et le peuple qui n’ont plus de grands buts, plus d’idées pour lesquelles il vaille la peine de combattre, sont appelés à disparaître.
Si, pour de méchantes questions d’intérêt et de bien-être matériel, par crainte d’avoir faim, l’individu et la collectivité en arrivent à méconnaître et à perdre leurs grands buts, c’en est fait d’eux.
Le doute est un des grands maux de notre époque. Des millions d’hommes ne peuvent plus croire profondément et avec confiance en rien. Ils projettent leur incrédulité sur tout.
Il est nécessaire que nous puissions de nouveau croire à nos buts sans faire mille réserves.
Cela ne veut pas dire que nous devions croire à un but sans l’avoir examiné et compris. Nous devons savoir examiner soigneusement la valeur de tous nos buts.
Lorsque nous avons reconnu qu’un but est juste et vrai, nous pouvons et devons nous atteler de toutes nos forces et en toute confiance à sa réalisation, conscients de nous en rapprocher chaque jour.
Ayons toujours présent à l’esprit le but qui est digne de nos luttes et de nos efforts. Ce ne sont pas les buts les plus dignes d’efforts qui sont le plus faciles à atteindre.
II ne vaut pas la peine de lutter et de vivre pour des buts qui ne nous donnent pas la satisfaction du devoir accompli.
Chacun est l’artisan du succès de sa vie. Son œuvre sera à la mesure de ses plans et de ses efforts.
Chacun doit créer son propre bonheur.
Chacun récolte ce qu’il a semé.
L’efficient, le bâtisseur, fait ce que sa voix intérieure lui ordonne de faire.
Notre vie sera ce que nous en ferons.
Celui qui ne se laisse pas aveugler et tromper par les apparences, celui qui suit son chemin sans se laisser détourner, ne saurait être écrasé par les influences négatives du monde et de l’époque.
La condition de tout succès professionnel ou personnel, plus encore, la condition d’existence de tout un peuple est d’avoir des buts clairement définis et de s’y consacrer inébranlablement.
On ne doit pas affaiblir par le doute et la négation des buts clairement définis.
La foi et la conviction sont des forces que nous devrions mettre davantage au service de notre vie et de notre travail professionnel.
Des milliers d’hommes n’ont atteint leur but que parce qu’ils ont cru inébranlablement et jusqu’au bout en eux-mêmes et en leur victoire.
Dans chaque métier, dans chaque entreprise, la foi en la réussite est plus importante que les capitaux disponibles.
Lorsque notre manière de travailler et nos buts sont inspirés par la foi en la réussite, même les petites sommes ne tardent pas à se multiplier.
Ce qu’exige l’heure actuelle, c’est l’affirmation des forces positives, des forces du bien, l’affirmation de notre force intérieure.
Triomphons de la médiocrité
Ce que beaucoup cherchent, de nos jours, c’est un port tranquille pour y jeter l’ancre.
Or, notre rôle n’est pas de toujours nous dire comme nous serions bien si… si la situation était autre, si l’on avait ceci ou cela, si certaines choses étaient comme autrefois, etc. — mais de triompher des circonstances telles qu’elles se présentent aujourd’hui.
Ce ne sont pas les faveurs du sort, mais bien ses coups, qui forgent un homme.
La stabilité de notre caractère ne peut faire ses preuves que dans l’évolution des choses et des circonstances.
Quand les soucis nous assaillent, nous devrions précisément nous fixer pour tâche d’en devenir maître.
La plus belle tâche est toujours de travailler à son propre développement.
Nombreux sont ceux qui ne cherchent les choses qu’autour d’eux. Or, ce que nous voulons atteindre est en nous. A nous de le faire surgir.
Commençons par découvrir notre devoir, puis cherchons les meilleurs moyens de l’accomplir et allons de l’avant.
Nous ne pouvons pas retenir le jour précédent ni retarder le lendemain.
La vie se meut comme un fleuve. Elle ne s’inquiète pas de voir si l’homme vit et agit dans le sens du courant ou dans le sens contraire.
Celui qui vit doit s’attendre aux changements. Il doit lui-même se renouveler pour pouvoir comprendre ce que son époque exige de lui.
Vivre, c’est chercher la voie à suivre.
Vivre, ce n’est pas seulement être actif, c’est agir en vue de créer du meilleur en nous et autour de nous.
Chacun écrit son propre chapitre dans le livre de la vie. Qu’il l’écrive illisiblement, de travers ou soigneusement, c’est lui seul qui porte la responsabilité de chaque mot.
Bien considérée, la vie n’est pas aussi incertaine qu’on le dit souvent.
Elle exige simplement de nous que nous administrions et que nous fassions fructifier les dons et le capital spirituel que nous avons reçus.
La vie des meilleurs est comme de l’or qu’ils ont eux-mêmes façonné. Elle agit par elle-même. La vie de la multitude est pareille à du fer. Elle peut devenir brillante, mais chez celui qui ne l’emploie pas activement, elle sera rongée par la rouille.
C’est pourquoi vivre, c’est agir.
Ne faire les choses qu’à moitié est presque sans aucune valeur. Car le plus souvent, c’est la seconde moitié qui compte.
Seul celui qui s’y est préparé peut accomplir quelque chose d’extraordinaire.
Chaque jour nous offre une chance d’améliorer quelque chose.
Si nous ne voulons pas devenir trop vite satisfaits de nous-mêmes et paresseux, imposons-nous des performances toujours plus grandes.
Notre compétence ne dépend pas du nombre d’expériences que nous avons faites, mais de celles que nous avons assimilées.
Bien des gens gaspillent les meilleures heures de la matinée et s’efforcent ensuite tout le jour de les rattraper.
On ne combat pas les mauvaises habitudes : on les remplace par de bonnes !
Savoir signifie : savoir ce qu’il faut faire. Pouvoir signifie : savoir comment le faire. Etre compétent signifie : mettre en pratique ce que l’on sait et ce que l’on peut.
Le fait qu’une chose a toujours été accomplie d’une certaine manière nous indique déjà qu’il y a une possibilité de la faire autrement et mieux.
Chaque succès est un point de départ pour faire mieux.
Croyons à la chance, mais créons-la nous-mêmes.
Sachons nous décider à temps
II y a des hommes qui ne comptent absolument pas avec le temps, et d’autres qui s’habituent à trop compter avec le temps. Ni les uns ni les autres n’ont appris à utiliser vraiment le temps.
Reconnaître que nous avons commis des erreurs n’est pas une faute, car c’est prouver que nous sommes plus sages aujourd’hui qu’hier.
Il y a deux sortes de gens : ceux qui font chaque jour de leur mieux et n’y pensent plus, et ceux qui promettent de faire de leur mieux demain et n’y pensent plus !
Avant de prendre une résolution, il faut réfléchir aux conséquences.
On est toujours vivement impressionné par la façon dont les dirigeants qui réussissent savent utiliser leur temps et se fixer un but puis chercher à s’en rapprocher chaque jour un peu plus.
Nombreux sont ceux qui croient que, plus ils diffèrent une décision ou une mesure importante — amélioration, changement, etc. — plus ils éviteront d’erreurs.
Cette illusion compte parmi les pires que puisse se faire un homme. Car le résultat est que lui-même n’arrive à rien et qu’il empêche tous ses subordonnés d’arriver à quelque chose.
L’efficient sait se décider rapidement une fois qu’il a examiné une question à fond.
Naturellement, il peut par-ci par-là se tromper. Mais s’il ne prend pas de décisions du tout, ce sont les autres qui les prendront.
En fait, des progrès ne peuvent être réalisés que si le chef a appris à prévoir et à décider rapidement et sûrement.
II y a aussi des personnes qui tombent dans l’excès contraire et courent d’une décision irréfléchie à l’autre, uniquement pour qu’elles soient liquidées ou pour montrer qu’elles ont des décisions à prendre.
Ceux qui agissent ainsi sont généralement ceux qui n’ont pas d’opinion personnelle et qui voudraient néanmoins faire preuve de jugement.
Une autre illusion qui empêche mainte personne d’arriver plus vite et mieux au but est de croire que l’on peut atteindre un résultat de valeur sans avoir un programme bien défini.
Beaucoup trop de gens se laissent entraîner par le courant sans s’efforcer le moins du monde de lui donner une direction. Même s’ils ont en réserve un vague programme, ils n’ont pas de plan pour l’exécuter.
Celui qui veut avoir du succès doit en payer le prix
Ce qui décide du succès, c’est l’attitude morale que nous adoptons à mesure que nous franchissons les étapes qui nous mènent à notre but.
Considérons chaque tâche et chaque effort exigés par notre travail et par la vie comme des exercices et des épreuves.
En fait, nous mettons chaque jour à l’épreuve notre caractère, nos capacités et notre savoir.
Veillons à être à la hauteur d’exigences toujours accrues.
Chacun peut essayer de réussir dans un domaine ou l’autre : exécution parfaite d’un travail, développement d’une entreprise ou perfectionnement de soi-même.
Tout but raisonnablement fixé peut être atteint. Chacun peut obtenir ce qu’il désire, s’il est prêt à en payer le prix.
Un succès, une réussite, peuvent paraître extrêmement simples à celui qui les voit du dehors.
Mais si nous allons au fond des choses, nous rencontrerons toujours un homme qui a payé le prix de son succès.
Quel est le prix du succès personnel et professionnel ?
Exercer en donnant le meilleur de soi-même une activité constructive et loyale ; attacher plus d’importance à sa tâche qu’à soi-même ; se mettre au service de la collectivité.
Voilà le prix du succès. Mais ce n’est pas tout !
Payer le prix, c’est encore observer et faire des plans, voir et créer des possibilités ; c’est le surplus de réflexion et d’effort que nous vouons jour après jour et année après année à notre tâche.
C’est, répétons-le, un effort constant pour donner le meilleur de soi-même.
Sachons dire merci!
Celui qui veut recevoir doit savoir dire merci. On ne pourra jamais rien pour celui qui n’apprend pas à dire merci.
L’habitude d’attribuer les succès à sa propre intelligence et à son habileté, et les erreurs aux circonstances fait souvent oublier toute reconnaissance.
Nombreux sont ceux qui ne songent pas un instant à être reconnaissants quand tout va bien, mais se plaignent dès que les choses ne vont pas selon leurs désirs.
Ils s’identifient avec leurs dons et leurs talents, et deviennent suffisants, pleins d’eux-mêmes.
Posséder des dons et des talents est une grâce, mais nullement un mérite.
Celui qui s’élève spirituellement et matériellement doit savoir dire merci. Il doit chaque jour remercier le destin qui lui est si favorable.
Celui qui est habitué à remercier de tout ce qu’il reçoit recevra encore beaucoup plus, parce qu’il crée l’atmosphère favorable.
Celui qui est reconnaissant découvre, sans même le vouloir, des sources qui sans cela lui resteraient cachées.
Jamais celui qui oublie de dire merci ne se sent heureux et le cœur léger. Savoir remercier de tout cœur nous rend gai et nous épargne les soucis.
Celui qui veut recevoir doit savoir dire merci.
Le succès professionnel — le succès dans la communauté
Le sort de la collectivité dépend de l’individu.
Nombreux sont ceux qui cherchent à obtenir des succès par la ruse. Ils croient que c’est le moyen le plus facile de réussir.
Il est certain que, par la ruse, on peut obtenir ça et là des succès. Mais ils sont toujours fictifs.
La ruse échoue nécessairement un jour ou l’autre.
A vrai dire, des succès qui ne contribuent pas au développement de la collectivité ne sont pas des succès.
Nous avons vraiment du succès si nous sommes utiles à autrui, mais pas si nous l’exploitons.
Ce qui est déterminant, c’est le service que nous rendons.
Nous n’entendons pas faire de la morale facile en affirmant que toutes nos œuvres s’écrouleront si elles ne sont utiles à personne d’autre qu’à nous-mêmes.
La loi des compensations veille à ce que, tôt ou tard et d’une manière ou de l’autre, celui qui appauvrit les autres devienne pauvre à son tour.
Seul ce qui profite à la communauté, à la collectivité, peut nous profiter à nous aussi.
Nous sommes partie d’un tout, membres d’une communauté. La devise « Un pour tous, tous pour un » a un sens profond.
Le plus grand serviteur de tous est le plus grand de tous.
Ce qui fait notre valeur, ce ne sont pas les dons et les talents que nous possédons, les connaissances et le savoir que nous avons acquis, mais uniquement ce que nous donnons.
L’essentiel est ce que nous faisons, les services que nous rendons. Et souvenons-nous que s’il nous a été beaucoup donné, il nous sera beaucoup demandé.
Gœthe a dit très justement : « Personne ne fera quelque chose pour l’amour d’un homme qui tient serrés les cordons de sa bourse. Une main lave l’autre, et si tu veux recevoir, commence par donner. »
Le succès vient de lui-même à celui qui ne le cherche pas, mais qui se met au service d’une cause utile à la collectivité.
Servir la collectivité n’a cependant rien de commun avec la pratique de l’aumône, si commode. L’aide financière et les aumônes ne font pas progresser le monde.
Nous n’aidons vraiment un homme que si nous lui donnons la possibilité de développer ses propres forces et de vivre selon sa vocation.
Shaw dénonçait la bienfaisance sous toutes ses formes comme le pire crime social. Et Ford déclare: « Nous considérons comme de notre devoir d’industriel d’aider les gens à s’aider eux-mêmes. Pratiquer la prétendue bienfaisance, n’est qu’une façon de s’encenser. »
Seul l’homme qui crée des valeurs, l’homme qui produit, a vraiment du succès.
Efforçons-nous de découvrir toujours mieux ce dont les hommes ont besoin, ce que nous pouvons faire pour eux, et agissons en conséquence.
Nous sommes effectivement ici pour nous aider les uns les autres.
Tout progrès véritable est dû aux hommes qui ont fait profiter leurs semblables des connaissances qu’ils avaient acquises.
« La communauté, a dit Gœthe, constitue le besoin le plus élevé de l’homme de bien. Tous les hommes utiles doivent être solidaires comme le sont celui qui veut bâtir, son architecte, le maçon et le charpentier… »
Sans une mentalité orientée vers le bien commun, pas de succès satisfaisants, pas d’améliorations de l’économie.
Dans tous nos actes, ayons pour principe de servir les autres comme nous aimerions qu’on nous rende service à nous-mêmes en pareille circonstance.
Qu’est-ce que le succès personnel?
Le vrai succès est un effort ininterrompu. Chaque victoire nous place au seuil d’une étape plus élevée, mais plus difficile.
Pour réussir sa vie, il n’y a pas d’ascenseur : il faut monter l’escalier.
Le succès peut avoir un sens différent pour chacun de nous. On ne peut prescrire à aucun homme le but qui doit lui sembler digne de ses efforts.
L’idée que l’on se fait du succès est aussi subjective que le goût, par exemple.
Dans ce domaine aussi, l’un a bon goût, l’autre pas, et la sensibilité peut être déviée ou pervertie, innée ou acquise par l’éducation.
Chaque homme se fixe des buts qui correspondent à son stade momentané de développement.
Ce qui semble à l’un un succès peut n’avoir pour l’autre aucune signification.
C’est pourquoi nous ne devons jamais juger à notre point de vue — forcément limité — les efforts d’un homme pour réussir, mais tenir compte de sa maturité et de son échelle des valeurs à lui.
Rire d’efforts qui nous semblent naïfs ou de buts que nous ne comprenons pas, ce serait prouver que nous manquons de jugement ou que nous ne connaissons pas suffisamment la nature humaine.
Aussi, laissons chacun franchir par étapes le chemin du succès. Les étapes correspondent toujours au développement et au tempérament de l’individu.
Nous pouvons être certains que les buts d’un homme sont, à n’importe quel moment, à la mesure de ses possibilités.
Pour la plupart des hommes, la vie ne procède pas par bonds, mais degré par degré. Ils n’envisagent une étape qu’une fois la précédente franchie. Même lorsque le développement personnel semble s’accomplir par bonds, il a mûri lentement en eux.
Certaines gens dénoncent comme matérialiste tout perfectionnement qui s’accompagne de succès matériels.
Ces gens n’ont en général que des notions très vagues de la nature du succès.
Ils ne savent pas que les efforts pour réussir peuvent être positifs. C’est qu’ils n’ont eux-mêmes aucun succès et sont incapables de réussir même les choses les plus simples ; alors, comme le renard de la fable, ils trouvent les raisins trop verts. Ou bien, ils ont cherché le succès dans la mauvaise direction et veulent nous mettre en garde contre les résultats qu’ils ont obtenus.
Le succès n’est jamais mauvais, si l’on n’y met pas de mauvaises pensées.
Le succès est toujours positif, si le motif en est positif, donc bon.
Au demeurant, le véritable succès ne peut pas être négatif, car ce ne serait plus un succès.
Celui qui cherche à se développer moralement vise au succès dans ce domaine.
Celui qui cherche à améliorer un travail, un objet, une entreprise ou un plan vise aussi au succès, encore que ce soit dans un autre domaine.
Réussir est une chose tout à fait naturelle, répondant à notre vocation la plus intime.
Tout le développement, le progrès du monde, auquel nous collaborons, n’est pas autre chose qu’un effort constant vers le mieux.
Il est donc clair que la véritable recherche du succès n’est pas une fin en soi, mais un moyen de faire toujours mieux.
Celui qui ne brigue que le succès ne l’atteindra jamais.
Celui qui réussit vraiment n’est pas un égoïste, mais le serviteur d’une cause, d’un tout, et par là le serviteur de tous.
Celui qui conçoit et accomplit sa tâche dans cet esprit connaîtra le succès personnel.
Et celui qui travaille ainsi avec succès à son propre développement et à l’accomplissement de sa tâche apporte la justification du succès dans la vie. Car il considère que son devoir est de se développer, de se perfectionner et de donner le meilleur de soi-même.
Celui qui réussit vraiment n’est pas un esclave du succès, ni un chercheur de succès à tout prix.
Il ne fait qu’administrer ses talents. Il sait qu’il les a reçus pour en faire le meilleur usage possible.
Et c’est uniquement parce qu’il donne ainsi le meilleur de lui-même qu’il réussit, qu’il est un homme accompli et un homme libre.
Le sens du succès
D’aucuns prétendent que le succès professionnel n’est pas un succès, que le seul but de la vie humaine est la connaissance de soi-même et le développement spirituel. Ils veulent déjà faire comprendre aux jeunes que le succès n’a en soi aucun sens.
Ils n’oublient qu’une chose : certes, le succès extérieur est sans valeur sans le succès intérieur. Mais à quoi sert de montrer à un homme le chemin de l’élévation spirituelle, si on ne l’aide pas en même temps à se développer dans la vie selon ses dispositions ; si on ne lui montre pas que sa tâche consiste en premier lieu à faire ses preuves en face des problèmes immédiats et concrets que lui pose la vie, à bien accomplir la mission qui lui a été confiée ?
Notre premier devoir est de faire nos preuves là où nous avons été placés.
Notre succès se mesure à la manière dont nous accomplissons les tâches qui nous sont confiées.
Le vrai succès n’est pas extérieur, mais intérieur. De ce fait, le succès est aussi la soumission de la vie extérieure à nos forces intérieures.
Qu’il nous soit permis de faire une comparaison : Le but de l’art culinaire est de préparer, sans gaspillage et en utilisant les moyens disponibles, un mets à la fois sain et savoureux. Celui qui veut atteindre ce but doit commencer par apprendre à cuire. Pour cela, un certain temps de pratique est indispensable.
Si le développement spirituel est le but de la vie, nous devons étudier les moyens qui y conduisent.
De même que nul ne peut apprendre l’art culinaire seulement dans un livre de recettes, on ne peut atteindre le développement spirituel simplement par les livres et l’étude théorique.
Celui qui veut parcourir un trajet doit se servir soit de ses jambes, soit d’un véhicule. Celui qui veut parcourir une étape dans la vie et dans la voie du perfectionnement spirituel, doit commencer par agir en conséquence dans le champ d’action où il est placé, c’est-à-dire dans la vie.
L’action créatrice est toujours en conflit avec les problèmes intérieurs et extérieurs que nous pose la vie.
Organiser sa vie harmonieusement est en bonne partie une affaire d’éducation de soi-même et de développement de la personnalité. C’est une œuvre qui s’accomplit dans la vie en commun avec d’autres, dans le conflit avec les exigences de la vie et de la profession.
Celui qui veut sortir victorieux de ce conflit doit savoir ce qu’il veut, ce qu’il peut donner pour l’obtenir, dans quelle mesure il peut et veut payer de sa personne.
Cela conduit tout naturellement à l’analyse de soi-même, à un débat avec soi-même.
L’impérieux « Connais-toi toi-même » est juste, parce que nous devons regarder ce qui nous manque, où nous avons particulièrement besoin de nous développer et de progresser.
La connaissance de nous-mêmes n’est cependant qu’une des tâches qui nous sont dévolues.
Cette étude de son propre moi présente pour beaucoup un danger : ils s’y attardent et font finalement obstacle à leur propre progrès.
L’observation de soi-même est d’autre part difficile parce que l’homme se voit volontiers comme il se désire.
Parmi ceux qui s’occupent trop de leur personne, nous trouvons les égoïstes typiques, auxquels manque tout contact avec leur prochain et avec la collectivité.
Leur attitude se masque souvent de motifs éthiques et religieux.
Ceux qui s’étudient le plus sont les natures sans harmonie intérieure, brouillées avec elles-mêmes et avec le monde. Celui qui ne cherche qu’à cultiver la connaissance intellectuelle de soi fait forcément fausse route. Sans amour, point de clairvoyance. Seul celui qui donne peut recevoir.
II en résulte, une fois de plus, que nous ne nous développons vraiment que dans la mesure où nous rendons service, où nous exerçons une activité créatrice.
Etudions-nous et connaissons-nous. Mais souvenons-nous de ceci : l’examen et la connaissance de soi doivent être une libération, un appel à l’action libératrice.
Ne vivent vraiment que ceux qui sont actifs.
Tout effort sincère se fixe un but élevé, dépassant ce qui a déjà été accompli.
C’est l’effort vers la réalisation, l’effort pour réussir dans le meilleur sens du mot.
Le vrai succès n’a rien de commun avec l’utilitarisme. Il donne à la vie un sens plus élevé que le chiffre d’affaires, la spéculation et le gain.
Cependant, même à son niveau le plus élevé, le succès ne se dissocie jamais de l’effort pour nous rendre utiles.
L’esprit aussi est en contact avec la matière.
Tout ce qui s’élève part d’en bas. Ce qui existe sert de base et de champ d’exercice. Même un avion ne peut prendre l’air que sur une piste d’envol.
Mais il y a, pour chacun de nous, un but de succès plus élevé.
La voie nous en sera révélée si nous nous interrogeons sur le sens du succès et, en même temps, sur le sens de la vie.
Le plus grand succès qu’un homme puisse atteindre est de trouver son moi divin, et de suivre matériellement et spirituellement sa vocation.