Mon cher Quaesitus,
Durant des siècles, des philosophes et théologiens ont tenté de prouver l’existence de Dieu par des arguments rationnels. Thomas d’Aquin est le plus connu par sa Somme Théologique et ses 5 preuves. Sur la base de ces preuves et de principes empruntés à Aristote, il a construit une théologie naturelle qui explicite beaucoup de choses sur Dieu. Pour lui, la raison humaine avec ses seules ressources est capable d’arriver à la certitude de l’existence de Dieu et même d’en déduire des attributs et des qualités. Mais une chose est sûre pour moi, un tel dieu, ainsi prouvé et disséqué puis reconstruit au feu de la raison, n’est pas vivant et ne peut susciter qu’une simple admiration intellectuelle.
On ne peut pas prouver Dieu
Inutile de dire, que sur ce terrain-là, d’autres philosophes athées ont cherché à battre en brèche ces preuves par des contre-preuves rationnelles qui démontraient sa non-existence.
Finalement, ces preuves et contre-preuves ne convainquent que ceux qui cherchent à démontrer leurs présupposés initiaux …
… donc match nul, la balle au centre !
Cette voie mène à une impasse.
Quand un objet dévoile une intention
Un jour devant ta porte tu trouves un panier de magnifiques pommes. Ce panier n’est pas arrivé là tout seul, quelqu’un a dû nécessairement l’apporter. Qui peut avoir fait cela ? Et certainement, tu trouveras rapidement: « c’est ma voisine qui a des arbres fruitiers ! Elle est sympa d’avoir pensé à moi », te dis-tu. Ce panier est le signe d’une intention. Tu n’as pas vu cette personne l’amener, mais non seulement tu sais qu’elle existe, mais tu éprouves du plaisir à ce geste.
N’as-tu jamais, dans ton existence, vécu des événements surprenants, un accident évité de justesse (moi plusieurs fois), une rencontre inattendue qui arrive à pic par rapport à une préoccupation, une parole entendue dans un autre contexte et qui répond à une question ou à un problème qui se posait à toi, un ami qui te téléphone au moment où tu pensais à lui … etc. ?
Oui certainement. Sur le moment, tu t’es dit : « tiens c’est étonnant.
Quelle coïncidence ? »
Ne sont-ce pas des signes … un petit coucou de la vie ?
Une coïncidence qui a changé ma vie
Entre 1989 et 1997, j’exploitais un petit commerce dans le vieux bourg d’une commune du bord du lac. Durant quelques années, tout alla bien. Puis avec l’arrivée de plusieurs grands centres commerciaux dans la région, il commença à péricliter. Je cherchais à le remettre. Le coup de grâce me fut asséné quand la commune encouragea la création d’un centre commercial au bord de la route cantonale et souhaita mettre le bourg où j’avais mon commerce en zone piétonne. Je sentis alors que la fin s’approchait à grand pas. J’essayai en vain de remettre mon commerce à n’importe quel prix.
Durant cette période difficile, pour faire face à mes fournisseurs et surtout à la banque qui me harcelait et avait dénoncé un prêt conséquent, j’ai dû me résoudre à vendre la petite maison familiale pour ne pas tout perdre dans une faillite. Malgré cette vente, mes dettes étaient encore insupportables et le chiffre d’affaire continuait de baisser. La mort dans l’âme, je décidai donc en automne de fermer le magasin définitivement pour le début de l’année suivante (le 10 janvier). Je l’annonçai à mes clients et commençais à liquider mon stock. Je n’arrivai plus à dormir, mon cœur battait la chamade et j’avais perdu 15 kg en quelques mois. L’échéance approchait et je me devais d’y faire face quelques qu’en soient les conséquences, la faillite étant la plus probable.
Le 28 décembre 1996, je reçus un téléphone d’un architecte que je ne connaissais pas. Il me parla de ma parcelle de terrain dont j’avais hérité quelques années auparavant. Cette parcelle en campagne n’avait que 20% de sa surface en zone constructible et le reste en zone agricole. Sa valeur était donc très faible. Mais la commune avait le projet de modifier le plan du quartier et dans ce plan, ma parcelle passait complètement en zone à bâtir. Mais voilà, il y avait des oppositions et le projet traînait depuis des années. Je n’y pensais donc même plus.
Cet architecte m’annonça qu’il avait un client qui voulait l’acheter. Je n’avais fait aucune annonce, puisque je voulais attendre le changement de zone. Il s’était promené, avait vu mon terrain et consulté les plans de la commune. Il me dit alors que son client était prêt à payer un peu moins que le prix du terrain à bâtir et d’attendre un an voire deux, le temps que les oppositions soient levées. Il acceptait même de payer un acompte sans garantie. Je rêvais !
La première semaine de janvier, soit quelques jours avant la fermeture du magasin, nous passions devant le notaire pour signer la promesse de vente et je reçu l’acompte qui évita ma faillite. Une année plus tard, le plan de zone enfin passa et je reçus le solde du prix convenu. Sans ce téléphone quelques jours avant la fermeture du magasin, rien n’aurait pu empêcher ma faillite.
Simple hasard ? J’étais dans un état psychique d’intense détresse, véritablement acculé et voilà qu’un événement sur lequel je n’avais aucune influence se produisit … par hasard … et qui me permit d’échapper à l’inéluctable fin prévisible et rationnelle: la faillite ! Ce fut une sacrée coïncidence très … très … signifiante !!! alors que quelques mois auparavant, je ressentais ma vie comme absurde et suspendue au-dessus du néant. Quel « sacré » démenti !
Pour moi, Mon cher Quaesitus, ces petits ou grands événements sont des signes, de petites attentions de Dieu … ou un véritable sauvetage comme je l’ai ressenti alors !
Mais y-a-il d’autres signes plus convaincants ?