Si je devais d’un seul mot qualifier ce qui fait notre vie d’homme et de femme dans notre monde occidental, pas de doute c’est le mot TROP qui me vient spontanément à l’esprit :
TROP de possessions
TROP d’objets inutiles
TROP d’activités
TROP de distractions
TROP de travail
TROP de stress
TROP de soucis
TROP de connaissances disparates et non intégrées
TROP de questions
TROP de relations toxiques ou non gratifiantes
TROP de superficialité
TROP de lois et de règlements
TROP de choses futiles
TROP de choses utiles
TROP de choses nécessaires
TROP de contraintes liées à tous ces TROP
TROP de dispersion
En fait, TROP de tout et de n’importe quoi !
A ce TROP est associé inévitablement l’expression PAS ASSEZ !
PAS ASSEZ de satisfaction
PAS ASSEZ de désir
PAS ASSEZ de bonheur
PAS ASSEZ de temps
PAS ASSEZ d’amour
PAS ASSEZ d’attention
PAS ASSEZ de fraternité
PAS ASSEZ de confiance
PAS ASSEZ de liberté
PAS ASSEZ de naturel, d’authenticité
PAS ASSEZ de réponses
PAS ASSEZ de concentration
En fait, PAS ASSEZ de l’essentiel !
L’essentiel est lié à l’être … pas à ce que nous possédons
Le mot « essentiel » vient du latin « essentialis » qui signifie: « qui a trait à l’essence » (vers 1200). Par la suite, son sens évolue en « caractéristique, constitutif » (au XVIe siècle), puis « ce qui est absolument nécessaire, le plus important ».
Ce glissement de sens est intéressant.
Essentiel est d’abord en lien avec notre qualité d’être humain, notre essence (une notion très métaphysique à la base, on dirait aujourd’hui ontologique) … puis il évolue vers ce qui est nécessaire et important pour que notre être continue d’être et d’exister. Il y a une sorte de mise à distance de ce qui est essentiel d’avec mon être.
Essentiel a perdu sa puissance d’évocation et sa profondeur … pour devenir des choses qui me sont nécessaires … tellement nécessaires qu’elles me sont devenues essentielles.
Poussé à l’extrême, cet essentiel-là encombre mon être.
Les choses … aussi élevées soient-elles … prennent le pas sur l’être. L’essentiel a été ramené, réduit au nécessaire … il a perdu sa profondeur.
L’essentiel est lié à l’accomplissement de l’être, à la réalisation de soi
Si l’on revient au sens premier d’essentiel … à l’essentiel de l’essentiel … on descend dans la profondeur … on touche au centre de l’être … ce centre de gravité intérieur qui me permet de discerner, de distinguer le futile de l’utile, le nécessaire de l’essentiel.
Alors, tout devient plus clair. Chaque chose prend sa place : le futile et l’utile à l’extérieur de mon être ; le nécessaire n’opprime plus l’être, l’essentiel le réalise, l’accomplit et le libère.
Le futile, l’utile, le nécessaire n’ont pas disparu de mon existence … mais ils ne sont plus le centre vital, ils sont à la périphérie … à leur place.
Le centre de gravité de mon être est devenu plus profond, l’être que je suis est plus équilibré, pacifié … les opposés s’unissent … l’être s’individualise sans s’opposer aux autres, l’être se réalise … l’être est authentique
Je suis rendu … alors … capable de m’ouvrir à l’Ultime.