En nous encombrant de toutes sortes de biens, nous en sommes finalement devenus dépendant. Ce sont eux qui nous possèdent, nous ne sommes plus libres. En prendre conscience est le début de la libération. Il s’agit de faire un état des lieux pour déterminer le niveau de dépendance que nous avons avec toutes les sortes de biens que nous possédons. Pour ce faire, il peut être utile de se poser quelques questions ?
Nous poser les bonnes questions
Ce bien est-il nécessaire ? ou si je m’en sépare, quelque chose de nécessaire à ma vie va-t-il me manquer ? La réponse est oui : alors je le garde.
Si la réponse est non, je me pose une autre question :
Ce bien est-il utile ?
ou si je m’en sépare, quelque chose d’utile à ma vie va-t-il me manquer ? La réponse est non : alors je m’en sépare.
Si la réponse est oui, je me pose encore une dernière question :
Quelles sont les vraies raisons pour lesquelles je pense que ce bien est utile à ma vie ?
On distingue alors deux sortes d’utilités :
- L’utilité fonctionnelle : grâce à cet objet, je peux faire ceci ou cela et ce que je peux faire est utile à ma vie ou par cet objet, ma vie est embellie. Il m’apporte un plus.
- L’utilité de compensation : par cet objet, j’apparais à mon avantage, je dis aux autres qui je souhaite être. Il est devenu une extension de mon Moi.
Si l’utilité est fonctionnelle, je garde l’objet. Si l’utilité est d’apparence, je m’en sépare.
Deux exemples
Prenons deux exemples :
Je suis un homme. J’habite à la campagne et travaille dans une entreprise dans la zone industrielle d’une ville. Mon horaire est irrégulier. Une voiture personnelle est-elle nécessaire ? Oui, les transports publics sont peu fréquents et les horaires ne correspondent pas au miens.
Mais est-ce utile d’acheter un gros 4X4 ou une belle berline allemande ? Non, mais cette belle voiture en jette, elle est confortable, fiable et au fond de moi, je sens bien qu’elle me donne de la prestance et de plus c’est le même type de voiture que mon chef. J’espère bien lui succéder. J’aurai déjà la voiture qui correspond à la position que souhaite atteindre bientôt. Cette voiture est devenue une extension de mon Moi, pas de ce que je suis vraiment, mais du Moi que j’aimerais avoir.
Je suis une femme avec 3 enfants en bas âge. Mon mari a une bonne situation et nous avons une belle maison. Je m’occupe de mes enfants et de mon mari. J’ai beaucoup d’activités. Avec 3 enfants et une grande maison, j’ai besoin de me faire aider. J’ai une fille au pair et une femme de ménage 3 fois par semaine. Mon mari étant très occupé par son travail, un jardinier vient deux fois par semaine pour entretenir le jardin et la piscine. Le train de vie est important, nous nous y sommes habitués et nous pouvons nous le permettre.
Quelques années plus tard, mon mari a perdu son emploi à la suite d’une crise à laquelle son entreprise n’a pas pu résister. Il a plus de 50 ans et peine à retrouver un poste comparable. Les enfants sont plus grands et devant la nécessité, je cherche du travail. Je n’ai plus de fille au pair, la femme de ménage ne vient plus qu’une fois par semaine et mon mari a le temps de s’occuper de l’extérieur. Mais nous sommes à la peine. De plus quand les enfants seront autonomes, elle sera trop grande. Mon mari et moi envisageons de vendre la maison. Je réalise que quand tout allait bien, cette belle maison nous était nécessaire. Elle correspondait à notre situation dans la vie.
Mais maintenant, je me demande si elle est encore utile. Mais au fait, était-il vraiment nécessaire d’avoir une aussi grande et belle maison ? L’utilité que nous en avons retiré était-elle à la hauteur des coûts qu’elle a occasionnés ? Si nous avions eu une maison plus petite et plus simple, nous n’aurions peut-être pas besoin de la vendre maintenant ? Pourquoi avons-nous eu si envie de la posséder ?
Étant femme au foyer, j’en retirai un prestige incomparable auprès de mes amies, pour ma famille j’avais réussi, mais au fond de moi j’ai le sentiment que je ne me suis pas épanouie. Je me sens frustrée et pourtant j’avais tout ce dont j’avais envie. J’avais trop de certaines choses pas assez d’autres finalement plus essentielles. J’ai décidé de prendre des cours et de chercher un travail.
J’ai tout donné à ma famille. Il est temps de donner une nouvelle orientation à ma vie.
Le fait de posséder des biens n’est finalement pas l’essentiel ! Ce qui est important pour nous est l’usage que nous en faisons.
Au-delà du matériel, qui n’est qu’un moyen, l’essentiel est que ce bien soit utile et nous permette de développer la vie en nous et autour de nous.