L’authenticité est devenue une valeur prisée … chez les autres 🙂
Est authentique ce qui fait foi, qui fait autorité, dont la forme et le contenu ne peuvent être mis en doute. On parle par exemple d’acte authentique établi devant notaire, un officier public assermenté. Un acte authentique a plus de d’autorité qu’un simple contrat signé entre deux parties. On dit aussi que tel objet ou tableau attribué à tel auteur est authentique. Il s’agit bien d’un objet réalisé par cette personne.
On retrouve dans ce mot les notions de vérité mais aussi d’autorité. L’authentique établit notre confiance et crée la sécurité.
Au fil du temps, l’authenticité est devenue aussi une valeur plus psychologique, une valeur profonde dans laquelle un être s’engage et exprime sa personnalité. On associe à l’authenticité des mots comme vérité, naturel, spontanéité, franchise, transparence, sincérité, pureté, profondeur … C’est même devenu dans l’esprit de beaucoup la valeur par excellence dans les rapports humains.
L’authenticité est d’abord une affaire d’intuition
L’authenticité d’un acte juridique, d’un objet, d’un tableau peut être confirmée par un jugement rationnel reposant sur des preuves.
L’authenticité d’une personne est d’abord une affaire d’intuition, de ressenti et d’expérience.
Dans une relation interpersonnelle, l’impression que l’autre fait sur nous engage la relation dans un sens ou dans un autre. Nous avons souvent peu d’éléments objectifs pour nous faire une opinion, nous allons à l’instinct ou plutôt nous nous fions à notre intuition informée ou biaisée par nos expériences passées.
Le jugement rationnel et les preuves viennent bien après dans le cours de la relation. L’authenticité est alors confirmée ou infirmée avec son lot de plaisirs ou de déconvenues. Mais l’appréciation intuitive est première.
L’authenticité est en lien direct avec l’être que je suis et non pas avec ses manifestations extérieures : paroles, comportements, gestes, émotions exprimés ouvertement.
Certes nous percevons bien ces diverses manifestions, mais intuitivement, au travers d’elles, nous accédons spontanément… en partie … à l’être de cette personne et en éprouvons quelque chose. En d’autres termes, nous sentons … intuitivement … si cela sonne juste ou faux. Nous « savons » alors si nous pouvons faire confiance ou pas.
Cette intuition que nous avons tous, même si elle n’est parfois pas écoutée et suivie, est une sorte de boussole interne qui nous permet de savoir intérieurement à quoi s’en tenir avec cette personne.
Nous sommes tous des hypocrites … par nécessité !
Tout, dans notre société moderne, nous pousse au conformisme, à jouer fidèlement notre rôle, à répondre aux attentes des autres … pour être apprécié, accepté, aimé. Mais aussi, nous avons un besoin irrépressible de préserver notre for intérieur, nos pensées, nos motivations profondes, nos pulsions … notre carré privé … pour nous protéger des ingérences, des blessures et éviter d’être vulnérable. Tout, en nous et hors de nous, nous pousse à être à demi-authentique … en fait hypocrite.
Et pourtant, cette situation ne nous convient pas. Nous réalisons que nous nous autocensurons en permanence et nous découvrons que finalement nous sommes empruntés, mal à l’aise avec nous-mêmes.
« Je » est devenu un autre.
Devenir plus authentique est un combat mais aussi une libération
L’authenticité est une véritable lutte … de libération… pour devenir ce que je suis au fond de moi. Ne plus tricher avec les autres et … surtout avec moi … est un véritable combat. C’est aussi un chemin à créer chaque jour pour être ce que je suis … vraiment.
Nuvilly (Suisse)
Juin 2012 (révisé en 2018)