« Touche pas … c’est à moi ! »
Quel enfant ne le crie-t-il pas spontanément … notre enfant intérieur aussi ?
Dans ce cri … il y a plus qu’une réaction outragée … il y a l’affirmation que je suis …
que je suis … conscient d’exister en tant qu’être distinct … de toi et du monde.
« Mais mon chéri, si tu ne le prêtes pas à cette petite fille …
tu ne pourras pas jouer avec elle »
Alors l’enfant prête de mauvaise grâce … pour ne pas être seul, séparé, en dehors.
Dès que je me pose en Moi … l’autre commence aussi à exister.
Alors … sans m’en rendre compte … c’est tellement naturel …
je cherche à m’approprier l’autre, à m’en emparer :
« Voici ma femme, mon mari, mon fils, ma fille, mon employé, mon ami, mon chien » …
comme je dirais ma voiture, ma maison, mon travail …
J’ai appris que j’existais … en me confrontant à l’autre.
Mais j’ai peur de l’altérité … de ce qui n’est pas Moi …
alors je cherche à m’approprier tout ce je peux …
plus j’ai … plus je suis.
Moi … augmente, croît, monte …
mais dans cette ascension …
Moi s’est aliéné à lui-même … il est devenu un autre.
Au fond de lui, il le sait … les autres aussi. Il s’est perdu comme Icare en volant trop haut.
Alors je m’arrête … ou un événement de la vie me stoppe.
Temps de sidération … je me sens désorienté … temps de questionnement
Qui suis-je vraiment ? Ce que je possède … Ce que je contrôle
Ceux que j’aime, mes biens, mes compétences, mes plaisirs ?
Non … tout cela occupe ma vie comme des envahisseurs
Non … en réalité, je suis possédé par eux
Non … ma vie ne peut pas n’être que cela
Non … ils ne peuvent être tout ce que je recherche.
Alors je reflue … vers mon centre … dans la profondeur
Alors je me détache … sans rien refuser
Alors je me désencombre … sans rien perdre
Alors je me désapproprie … en ne renonçant à rien.
Ma vie extérieure n’a pas changé
Pourtant, en profondeur tout est différent
J’ai repris contact avec mon centre
La lumière se fait … je sais qui je suis … et qui je veux être.
Je ne ressens plus le besoin de m’approprier
Mais de me donner, de m’abandonner
Je ne ressens plus le besoin de m’emparer
Mais de me recevoir comme un don inespéré.