Mon cher Quaesitus,
Durant la nuit du samedi 17 juillet 1993, la foudre tomba dans la Grand-Rue du Bourg de Saint-Prex, juste devant l’épicerie que j’exploitais depuis 4 ans. Mon commerce fut le seul à avoir des dégâts. J’avais 34 ans.
Exactement 7 jours plus tard, je fis une expérience spirituelle, à la fois tendre et foudroyante, qui révolutionna ma vie à jamais : Marie, la mère de Jésus entra dans ma vie.
Coïncidence ou un signe du ciel ?
Avec maintenant un recul de 25 ans, il n’y a pas de doute en mon cœur. Ce fut un signe à la fois lumineux, mais aussi inquiétant … de ce que ma vie allait être durant les cinq années qui suivirent.
Mon cher Quaesitus, j’ai besoin de t’en dire un peu plus sur mon parcours pour que tu comprennes comment un protestant évangélique, pour qui Marie ne comptait pas, a pu, un jour, lui demander d’entrer dans sa vie et pourquoi cette expérience fut si fulgurante. C’est en fait l’histoire d’une révolution intérieure et d’une renaissance.
Mon petit monde d’enfant s’effondre à 5 ans
Enfant, je vis à Pailly, un petit village dans la campagne vaudoise. J’ai beaucoup de copains et aime m’aventurer dans la forêt toute proche pour l’explorer. L’hiver, je fais de la luge sur la route du village. J’ai commencé l’école enfantine. Je suis très libre et un peu sauvage. Je suis heureux. J’ai 5 ans.
C’est alors que mon petit monde s’effondre. Mon père décède d’un infarctus. Ma mère se remarie rapidement et je quitte la campagne pour la ville de Lausanne. C’est ma première fracture de l’âme.
L’entente du nouveau couple se détériore rapidement, ma mère commence à boire et deviens dépressive. Je passe le reste de mon enfance et de ma jeunesse entre une mère en permanence au lit et un beau-père réfugié vers sa mère : je suis le plus souvent seul et abandonné à moi-même.
Un peu après mes 20 ans, je deviens le curateur de ma mère qui est placée dans un établissement spécialisé. Je suis en quelque sorte le père de ma mère.
Peu après, ma mère décède. Etant le seul héritier, je m’occupe de la succession.
Quand un juge me dévoile un secret de famille
Question du juge à peine assis : comment cela se fait-il que vous ayez porté un autre nom de famille durant 32 mois dès votre naissance ?
Vous êtes sûr ? Oui j’ai un extrait d’état civil devant les yeux. Puis-je le voir ? Non je n’ai pas le droit de vous le montrer. Je ne comprends pas, j’ai le livret de famille de ma mère et de mon père et j’y suis bien inscrit. Mais alors dites-moi au moins comment je m’appelais à ma naissance. Kappeler !
Mais c’est le nom de famille du premier mari de ma mère. Mon père s’appelle Paul Feller ! Je ne comprends rien !
Et le juge d’ajouter : Je ne sais pas qui est votre père. Par contre, je sais que votre mère a entamé une procédure en désaveu de paternité contre G. Kappeler et qu’au bout de 32 mois, c’est Paul Feller qui est enregistré comme votre père. Comme à votre naissance, votre mère était mariée avec Monsieur Kappeler, la loi stipule que le mari est réputé être le père de tout enfant qui naît durant le mariage.
Je comprends alors que j’ai été un enfant non désiré issu d’un adultère. J’avais bien eu quelques bribes d’information, mais je n’avais pas reconstitué toute l’histoire.
Je comprends alors pourquoi ma mère fut très triste quand elle apprit que Kappeler devenu homosexuel et abandonné par son compagnon se pendit après avoir tué ses magnifiques chiens de race.
Mon père l’avait toujours rendue malheureuse. Elle finit dans le désespoir … je ne fus qu’un dommage collatéral.
Ce fut ma deuxième fracture de l’âme.