Mon cher Quaesitus,
A Lausanne, je fais mon catéchisme dans l’Eglise Réformée.
Je suis un catéchumène particulièrement redoutable pour le brave pasteur. Non parce que je suis contre la foi ou dissipé. Je suis au contraire très concentré et pose beaucoup de questions sans me contenter de réponses toutes faites.
Le bon pasteur est tombé sur une recrue revêche qui veut comprendre avant d’adhérer et de croire. Pourquoi, si Dieu est bon et tout-puissant, permet-il la souffrance ? Et Jésus n’est-il pas qu’un simple homme ? A chaque sujet, je monte au créneau et le mets à la question comme l’Inquisition.
C’est éprouvant pour lui, mais il se prend au jeu avec bienveillance et contribue à mon éveil aux choses spirituelles.
A 16 ans, je suis baptisé et confirmé. Après cette célébration, le pasteur me dit : Je pense que tu as une vocation pastorale. Quelle surprise d’entendre cela !
Puis je passe à autre chose.
A 20 ans, Jésus s’empara de moi
Je fais mon service militaire avec une année d’avance. Mon caractère indépendant, toujours l’enfant libre de la campagne, se heurte au système, aux ordres et je rentre au printemps 1979, fier de mes performances physiques, mais très abattu. Je dois commencer des études en mathématiques à l’EPFL à la rentrée en septembre. Cette période de vacances et de désœuvrement m’amène à penser à ma vie, à ce que je veux en faire, en fait me poser la seule et vraie question pour moi : quel est le sens de ma vie ?
Je me sens comme un petit voilier sur une mer inconnue, mais qui n’a plus de port d’attache. Je suis perdu … tout simplement. Ma quête spirituelle devient impérieuse, mes questions reviennent à la surface et m’envahissent. Plus rien d’autre n’a d’importance.
Je rencontre alors un vieux monsieur dans une librairie chrétienne à Lausanne. J’ai plusieurs entretiens et recommence, comme je l’avais fait avec le brave pasteur, à poser mes questions sur le mal et la souffrance, le sens de la vie, la personne de Jésus. Il ne se laisse pas démonter et me dit tout simplement : Tes questions sont importantes, mais je ne pourrai pas y répondre. Mais si tu invites Jésus à entrer dans ta vie, alors tu expérimenteras qu’il est vivant et tu comprendras. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Je rentre et le soir même en ce beau mois de juillet (déjà), je me mets à genoux et demande à Jésus d’entrer dans ma vie … tout simplement. Le lendemain matin, je me lève. Je sais avec assurance qu’il a répondu à ma prière.
Mon existence et mon climat intérieur furent complètement chamboulés. Jésus m’avait saisi comme un chasseur expérimenté saisit à la main un oiseau sauvage qui cherche à s’enfuir. 40 ans plus tard … je suis toujours entre Ses mains.
Un appel à servir
Dès les premiers jours suite à ma conversion, je sens d’une manière certaine que Dieu m’appelle à le servir.
Venant de commencer mes études à l’EPFL, je me joins à un groupe d’étudiants chrétiens et témoigne de ma conversion. Je m’approche aussi d’une communauté évangélique et y deviens très actif.
Je quitte l’EPFL assez rapidement et deux ans plus tard me lance dans un ministère spontané (certains diraient sauvage) d’évangéliste itinérant dans la mouvance des évangéliques charismatiques. Je me marie et nous avons assez rapidement un enfant. Nous vivons en caravane et allons en Suisse et en France présenter des films chrétiens. Il m’arrive souvent de prêcher, voire d’animer des camps de jeunes.
C’est alors que je suis approché par une association vaudoise de diffusion biblique et deviens missionnaire biblique. Je vais sur les foires et marchés du canton avec un stand de livres et des Bibles. Dans cette association, le principal partenaire et bailleur de fonds est l’Eglise Réformée.
Désirant que mon ministère soit reconnu, je fais le séminaire de culture théologique et la formation diaconale. Je suis consacré diacre en milieu professionnel en automne 1989.
En été de cette année-là, j’avais repris une épicerie dans le Bourg de Saint-Prex. Je partage ma vie entre ce commerce et la paroisse de Préverenges (c’était mon projet diaconal). Je préside assez souvent le culte tout en m’occupant du groupe de jeunes.