Mon cher Quaesitus,
A peine un an après mon arrivée dans la paroisse avec ce nouveau ministère consacré, un couple de conseillers de paroisse monte une cabale pour se débarrasser du pasteur avec qui je collabore activement. Ils obtiennent gain de cause lors de l’assemblée de paroisse qui ne renouvelle pas ce pasteur dans son poste. Il doit donc partir. Il retrouvera difficilement une autre paroisse.
Mon ministère est remis en question
Peu après, je suis convoqué. Lors de cet entretien, ce couple me laisse entendre clairement que je n’ai plus de place dans cette paroisse en tant que diacre. Pour eux, c’est le nouveau pasteur qui décidera de mon sort. Je rencontre le nouveau pasteur qui ne voit pas non plus à quoi je peux bien servir. Peut-être craint-il de devoir composer avec un autre ministre dont le statut est indéfini : le diacre est-il un sous-pasteur ou un super-laïc ? En étant diacre en milieu professionnel, je n’ai pas de poste attitré et dépend donc uniquement de son bon vouloir.
Je ressors de cet entretien complètement effondré. Tout ce qui est vital dans mon existence vient de s’évaporer comme un simple brouillard sur le désir d’un couple et d’un pasteur : faire table rase du passé. Avaient-ils quelque chose à me reprocher ? Non, je ne pense pas. Juste d’être là et trop lié à l’ancien pasteur devenu persona non grata … je le suis aussi devenu sans m’en rendre compte. Je fais à leurs yeux partie du passé.
J’entre en dépression
Je lâche prise et sombre dans la dépression. Durant plusieurs mois, des envies de mourir me traversent le cœur. Mon existence a perdu tout son sens. Ma foi, jusque-là vive et fervente passe par une éclipse totale. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.
J’aurai exercé un ministère durant plus de 10 années et tout s’arrête en un instant.
Moi qui aspirais à l’aventure, aux voyages, à être utile pour Dieu, je me retrouve n’être plus qu’un petit épicier de village sans aucun avenir, en tout cas pas l’avenir que j’espérai. La barque de ma vie est en train de sombrer.
Une deuxième fois, mon monde s’écroule. Ce fut ma troisième fracture de l’âme.
Notre situation s’aggrave
Je me retrouve alors dans ma prison de 80 m2, mon épicerie. Ayant charge de famille avec 3 enfants, je me lance à corps perdu dans cette activité et reprends un autre commerce à Prilly. A peine une année après, je me rends compte que c’était une très mauvaise décision. Le chiffre d’affaire avait bien augmenté, mais les frais avaient plus que doublé. Bref, financièrement, nous étions à l’agonie. Je dois absolument vendre rapidement ce deuxième commerce. Mais cela ne suffit pas, je dois aussi me résoudre à vendre un petit studio dont j’ai hérité de ma mère.
La descente commence, elle durera cinq ans.
L’épreuve intensifie ma quête spirituelle
Après quelques mois de désespoir, l’éclipse de ma foi s’estompe, puis disparaît. La famille rejoint la petite communauté évangélique que j’ai connue au moment de ma conversion. Durant cette année-là, je vais recommencer à prêcher et faire de l’accompagnement spirituel en tant que simple fidèle.
Mais dès le printemps, ma vie spirituelle va sensiblement changer de tonalité et nettement s’approfondir. Je vais découvrir un continent intérieur encore inconnu. Je vais l’explorer quel qu’en soit le prix … et il va être élevé.
Je commence à écrire mon journal
Au début de l’année 1993, je ressens un besoin viscéral d’écrire mes pensées dans un journal que je tiendrai assidument jusqu’à la fin 1998. Ma vie spirituelle, dans cette très longue épreuve, s’est intensifiée. Ecrire me permet de prendre du recul et de chercher un sens spirituel à tout ce que je vis.
Mon livre « En quête de l’Ultime » reprend plusieurs textes et poèmes écrits durant cette longue période. Il offre un autre point de vue, plus global, de mon cheminement et de cette révolution intérieure.