L’homme à la barre reste toujours positif
Des hommes qui, par leur force morale et spirituelle, sachent dominer toutes les pusillanimités, toutes les difficultés, pour s’adonner à un travail constructif, voilà ce qui manque dans tous les domaines.
Des époques comme celle que nous vivons actuellement nous rendent soit plus grands, soit plus petits. Elles révèlent ce que nous valons.
Ceux qui réussissent sont ceux qui entreprennent. Il en a toujours été ainsi. Tout homme qui a le courage d’entreprendre quelque chose a l’étoffe pour devenir un chef.
L’évolution du monde, avec ses hauts et ses bas, tend constamment à réaliser du nouveau et du meilleur. Les périodes troublées en sont aussi les signes. Si nous savons saisir le sens de ces signes, ils ne nous effrayent plus.
Une des facultés les plus importantes du chef est de dominer les choses, afin de conserver son esprit de décision intact et clair, même dans les situations les plus difficiles.
C’est en face des difficultés que se révèle le vrai chef. Pas un instant il ne perd la tête. Il ne prend aucune décision précipitamment. Surtout, il reste calme et domine la situation.
Tous ses collaborateurs, tout son entourage ont les yeux fixés sur lui. Il doit être positif.
En toutes circonstances, il reste le chef, qui sait ce qu’il faut faire, qui sait tirer le parti le meilleur de chaque situation. Il tient bon, avec la certitude de venir à bout de tout, quoi qu’il advienne.
Seul celui qui ne perd pas contenance et garde son calme sera en mesure de faire et d’ordonner dans chaque cas ce qui s’impose.
Du reste, que nous importent les circonstances. Elles n’ont sur nous que le pouvoir que nous-mêmes leur donnons.
Notre vie n’est pas dans les choses, mais en nous. Que le fruit de notre labeur soit détruit, nous recommencerons en faisant encore mieux.
Se soucier de ses affaires ne signifie pas se laisser ronger par des soucis négatifs à leur sujet.
Celui qui veut être un chef se gardera de la contamination par le « bacillus negativus ».
Préoccupons-nous suffisamment de nos affaires et de notre travail pour pouvoir être optimistes. Puis allons de l’avant malgré tous les obstacles.
Lorsqu’un homme doit réchauffer son optimisme tous les quarts d’heure, ou bien il n’est pas à sa place, ou bien il n’est pas à la hauteur de sa tâche.
Chacun devrait étudier au moins une fois par année quelle est la nature de ses soucis.
Etre de son temps
Les tâches d’aujourd’hui ne peuvent pas être résolues avec les méthodes d’hier.
Pour n’avoir pas su s’adapter suffisamment et comprendre que les temps changeaient, pour s’être reposés sur leurs lauriers, pour avoir sous-estimé la puissance de tendances nouvelles, des entreprises grandes et petites, des industries, des peuples et même des empires entiers se sont écroulés.
S’il fallait accomplir le moindre effort pour passer d’aujourd’hui à demain, nombreux sont ceux qui resteraient toujours à hier.
Etre sur le bon chemin, c’est bien. Mais s’y arrêter, c’est risquer d’être dépassé, et peut-être écrasé.
Pour aller de l’avant, il faut savoir oublier. L’on ne saurait accueillir des connaissances nouvelles avant d’avoir oublié celles qui sont périmées.
Une communauté doit toujours être vivante. Sa forme et son esprit doivent s’adapter au cours des événements, tout en laissant à chacun la liberté de s’affirmer et de donner toute sa mesure.
Seule une communauté de travail alerte, capable de s’adapter, pourra rester viable.
Pour beaucoup, le grand danger est de se mettre en veilleuse en attendant que la situation soit meilleure ou le moment plus favorable pour agir.
Un esprit ouvert est toujours prêt à accueillir de nouvelles idées et à tenter des améliorations.
Qu’est-ce que « des temps normaux » ? Un efficient examine posément la situation et établit des prévisions raisonnables. Si elles se réalisent, l’année est pour lui « normale ». Il ne sent pas le besoin d’attendre des temps plus « normaux » pour agir.
Oublions le passé, travaillons pour le présent et préparons nos plans pour l’avenir!
Depuis des millénaires, toutes les civilisations ont disparu et de nouvelles les ont remplacées. Depuis des millénaires, l’histoire de l’humanité nous enseigne que rien de ce que créent les hommes n’est durable.
Il est inutile et insensé de prêcher opiniâtrement le maintien de telle ou telle institution, de tel ou tel état de choses. Ce qui a de la valeur se maintient de soi-même, et le reste périt.
Un homme actif reste toujours un débutant. Pourquoi ? Parce qu’il entreprend sans cesse quelque chose de nouveau et de mieux.
Les temps actuels exigent des hommes dont l’idéal ne soit pas de se reposer !
Se documenter
Les décisions d’un homme sont à la mesure de la documentation et des lumières qu’il possède.
En fait, la majorité des hommes ne nient pas la nécessité de nouvelles idées.
Nous savons tous que le succès dépend en bonne partie de notre capacité de féconder constamment nos efforts par l’apport d’idées nouvelles. Toutefois, nous oublions souvent que pour trouver des idées, il ne suffit pas d’attendre l’inspiration, mais qu’il faut puiser aux sources de documentation qui stimuleront notre pensée créatrice.
Un homme intelligent ne lit généralement pas que les journaux.
« Rien de nouveau sous le soleil. » Soit ! Mais les vieilles choses doivent aussi être rafraîchies de temps à autre.
Les indifférents d’aujourd’hui sont les insolvables de demain.
Aujourd’hui, le sort d’une entreprise dépend de l’homme à la barre. Sa prévoyance et son jugement lui tiennent lieu de carte, son habileté à déceler les courants nouveaux lui sert de boussole.
Nos expériences n’ont de valeur que si nous savons en tirer la leçon et agir en conséquence.
Parfois, ce sont les choses les plus importantes que nous connaissons le moins. Ayons soin de les étudier.
Les insuccès sont dus autant à ce que nous avons négligé de faire qu’à ce que nous avons mal fait.
Avant de pouvoir corriger nos fautes, il nous faut en prendre conscience et les avouer.
Suivons d’un œil vigilant les développements de la situation mondiale. Mais occupons-nous avant tout de notre travail, et tirons le meilleur parti possible de chaque occasion qui se présente.
Celui qui prépare ses plans réussit mieux
Celui qui prépare ses plans arrive plus loin. Nous devons savoir aujourd’hui déjà ce que nous ferons demain, et … le faire !
II y a trois classes de travailleurs : les passifs, les actifs et les organisateurs.
Les passifs se laissent pousser par les événements. Ils font juste le strict nécessaire, rien de plus. Ils ne veulent plus rien apprendre, car ils pensent qu’ils savent déjà tout ce dont ils ont besoin.
Leur idéal aurait été une gentille petite sinécure, un poste de tout repos.
Qu’ils soient indolents ou qu’ils s’intéressent à d’autres choses que leur tâche, vous reconnaîtrez les passifs à ce qu’ils n’améliorent jamais rien, à moins d’y être forcés.
Les actifs travaillent avec la plus grande énergie. Quel poste qu’on leur confie, ils s’attelleront impétueusement à leur tâche.
On les reconnaît à ce qu’ils effectuent encore eux-mêmes une quantité de travaux de routine et de broutilles. Cela les amène à négliger l’étude de nouvelles idées, de plans, et les travaux d’organisation.
Parfois, un actif réussit à créer une entreprise. Mais à sa mort, elle risque d’être profondément bouleversée ou même de s’écrouler.
Pourquoi ? Parce qu’il s’est rendu indispensable.
L’organisateur est le travailleur véritablement productif. Il a étudié la meilleure technique et les meilleures méthodes. C’est le véritable bâtisseur et ce qu’il bâtit a des fondements.
On reconnaît l’organisateur à ce qu’il accomplit le moins de travail de routine possible et qu’en revanche il passe la plus grande partie de son temps à chercher de nouvelles idées, à préparer, instruire, faire des plans.
Il crée une organisation le libérant de tout travail qui ne doit pas absolument être fait par lui-même. Il concentre particulièrement son attention sur la surveillance et les améliorations possibles.
Si nous comparons les résultats du passif, de l’actif et de l’organisateur, nous constatons de grandes différences.
La plupart des passifs coulent ou arrivent tout juste à se maintenir à la surface.
Les actifs peuvent réussir jusqu’à un certain point. Mais ils risquent de se surmener et de s’user prématurément.
L’organisateur vraiment prévoyant crée une œuvre qui croît, prospère et porte des fruits.
Naturellement, on trouve mélangées chez un individu les caractéristiques des trois classes, en particulier de la deuxième et de la troisième. Il est bon de déterminer à quelle classe on appartient soi-même, de voir si l’on n’a pas trop de l’une et trop peu de l’autre.
Il est toujours profitable d’étudier l’organisation et l’art de faire des plans.
Gœthe déclarait déjà : « Le grand malheur de notre époque, c’est que l’on galvaude l’instant présent, jour après jour, sans rien mûrir, sans rien réaliser. »
De nos jours, il n’en est guère mieux. Comme jadis, le grand mal est l’absence d’un but et d’une direction. Nous voyons sans cesse des gens par ailleurs doués qui ne réussissent jamais, malgré tous leurs efforts et leur travail, parce qu’ils choisissent d’emblée les voies qui mènent nécessairement à l’opposé de ce qu’ils désirent.
Des milliers d’hommes sont toujours horriblement pressés, mais n’obtiennent pour autant que peu de résultats positifs. Ils sont trop occupés pour réfléchir, trop occupés pour échapper au désarroi qu’ils ont créé eux-mêmes. Ils mélangent le travail productif et l’improductif sans voir la différence.
Faire des plans, adopter des méthodes de travail efficientes et avoir des buts concrets, voilà les éléments décisifs du succès pour tous ceux qui travaillent.
Un homme sans plans est comme un navire sans gouvernail.
L’habitude d’aller au fond des choses est une vertu bien rare.
Nombre de possibilités et de buts nous paraissent souvent inaccessibles parce que nous n’avons jamais essayé sérieusement de les atteindre.
Ne faire une chose importante qu’à demi est pour ainsi dire inutile. Car le plus souvent, c’est la seconde moitié qui compte.
Beaucoup attendent les occasions. Les hommes actifs les créent.
Hier, c’est le passé. Aujourd’hui, c’est le moment présent : tirons-en parti.
Demain vient un jour nouveau : préparons-en le plan !
L’affaire la plus importante est toujours celle que nous allons aborder.
Cinq minutes de réflexion et d’action créatrice valent mieux que des nuits passées à bâtir des châteaux en Espagne.
Ce qui compte, ce n’est pas ce que nous entreprenons, mais ce que nous menons à chef.
Bien des choses iraient mieux, si on les envisageait calmement
Dans la lutte quotidienne, l’homme réfléchi et gai l’emporte sur les êtres irréfléchis et chagrins.
Dans les négociations et les compétitions journalières, celui qui est calme garde beaucoup plus facilement le dessus. Il sait présenter une opinion, même tout à fait opposée, sous une forme qui ne blesse pas, mais qui persuade ses interlocuteurs et leur enlève la possibilité d’émettre de nouvelles objections.
C’est pourquoi les hommes qui joignent à l’énergie et à la persévérance une bonne dose de patience, de calme et de connaissance des hommes sont supérieurs à ceux qui veulent procéder en hâte.
Savoir rester dans une bonne disposition d’esprit est une richesse inestimable.
Un philosophe a dit un jour avec raison que l’habitude de considérer toutes choses par leur bon côté a plus de valeur qu’une fortune en banque.
Ceux qui réussissent désignent à juste titre cette faculté comme le fondement de leur succès personnel et professionnel.
Que de gens font un visage mécontent et découragé. Ils semblent ployer sous le fardeau de leur vie. Ils n’ont pas encore appris que la vie a exactement le poids que nous lui donnons.
Celui qui possède la joie intérieure et une gaîté de bon aloi réussit en tout plus facilement que le décourage, le négatif, qui montre constamment à son entourage et à tous ceux qu’il rencontre une mine chagrine et acariâtre.
Savoir se détendre
Celui qui connaît l’art de se détendre saura aussi conserver sa puissance de travail et sa fraîcheur d’esprit.
Celui qui travaille sans se détendre au cours de pauses, d’heures de récréation, ou pendant son sommeil, finit par ne plus travailler que spasmodiquement, par à-coups.
Il est tellement tendu physiquement et spirituellement qu’il travaille à grand’ peine et épuise ses réserves. Dans cet état, il ne peut plus donner le meilleur de lui-même.
C’est en nous détendant, en nous libérant de notre activité fébrile, que nous nous ouvrons à l’afflux de forces nouvelles.
Celui qui sait se détendre sera à même de faire des plans, de prendre de meilleures décisions, de reconnaître clairement la voie à suivre. Son esprit restera ouvert aux grandes comme aux petites choses.
Savoir se libérer, voir les choses à distance
Beaucoup de gens sont bien trop plongés dans leurs problèmes. De ce fait, ils n’ont pas le recul nécessaire, leur perspective est trop réduite. Leurs décisions s’en ressentent.
Un homme d’affaires qui, parti de débuts extrêmement modestes, a créé une entreprise florissante, disait un jour : « Plus j’avance en âge, plus je suis persuadé que le vrai chef n’est pas celui qui croit devoir tout faire lui-même et se préoccuper personnellement de chaque détail. »
Celui qui occupe un poste dirigeant et n’adopte pas ce point de vue ne réussira jamais. Une entreprise menée de trop près reste stationnaire, ou même elle décline. Car l’homme qui devrait être libre pour penser et faire des plans est trop occupé aux tâches secondaires qu’il se réserve. Le travail de routine absorbe jour après jour le meilleur de ses forces et l’use prématurément.
Le chef le plus précieux pour son entreprise est celui qui se spécialise dans cette activité si rare : réfléchir et prévoir.
Voici l’expérience qu’a faite maint chef : il n’a pu se libérer des travaux de routine et exercer une activité féconde qu’en se mettant à voyager.
Mais il ne pouvait pas partir avant d’avoir appris à ses collaborateurs à diriger l’entreprise en son absence. Son premier travail fut donc d’étudier jour après jour la manière de rendre sa présence superflue.
D’abord, il ne partit que pour peu de temps : une demi-journée, puis un ou deux jours. Finalement, il réussit à s’absenter des semaines entières.
Il amena ses collaborateurs à rechercher les responsabilités. Il les laissa prendre des décisions. Lorsqu’ils commettaient une erreur, il n’en faisait pas un drame. Il savait que la tâche d’un chef d’entreprise n’est pas de multiplier les blâmes, mais d’aider ses collaborateurs à penser et à agir conformément à la politique de la maison.
Du moment où il eut quitté ses quatre murs, notre homme d’affaires se mit à chercher de nouvelles idées. Il considéra son affaire sous un tout autre angle. Il étudia d’autres maisons, sans nullement se limiter à sa branche. Il ne craignit pas de poser d’innombrables questions, de montrer son désir de s’instruire.
II commença à coucher sur le papier ses idées, ses réflexions, les possibilités qu’il voyait. Non seulement pour lui-même, mais pour donner des suggestions à ses collaborateurs restés au bureau.
Le fait de fixer ses réflexions par écrit l’obligea à les formuler plus clairement et à approfondir davantage les problèmes. Peu à peu, il devint une véritable dynamo qui maintenait ses collaborateurs alertes en leur communiquant de nouvelles énergies, de nouvelles données, de nouvelles inspirations.
Pour maint chef surchargé de travail, cette conception de sa tâche paraîtra un peu exagérée. Mais il en existe encore de beaucoup plus hardies.
Un directeur dressa un jour un plan d’organisation pour son entreprise. A côté du nom de chaque employé et collaborateur, il inscrivit les tâches qui lui étaient attribuées. Tout en haut, il inscrivit son nom, mais rien à côté.
Un collaborateur fit cette remarque : « Vous avez attribué une quantité de travail à chacun, sauf à vous » — « C’est exact, répondit le chef, je suis le seul qui ne doive rien avoir à faire. »
Puis il ajouta : « Dans une organisation, le chef est la seule personne qui ne doit assumer aucun travail déterminé. Il doit attribuer à d’autres toute activité prévisible, afin d’être libre pour contrôler l’ensemble, réfléchir et surtout entreprendre les travaux imprévus. »
Naturellement, cette suggestion n’est réalisable que s’il y a un nombre suffisant de collaborateurs stylés pour exécuter les tâches à répartir. Cet exemple contient néanmoins un enseignement : la direction doit être déchargée du travail de routine. Celui qui veut diriger doit réellement diriger et ne pas être poussé par les événements.
La tâche essentielle du chef est de penser et de faire des plans. Il doit veiller à ce que tout marche sans frictions. Il a le travail le plus difficile de tous. C’est pourquoi il doit être libéré du travail de routine.
Le chef est la personnalité qui sait ce qui doit être fait et qui l’ordonne à temps.
Souvent, le chef est surchargé de travail pour les raisons suivantes :
— le travail est mal réparti
— le travail n’est pas dirigé
— le personnel n’est pas suffisamment formé et stimulé
— le chef n’a pas bien organisé son temps.
Voici sept conseils mis en pratique, par un jeune chef qui manquait de temps. Peut-être donneront-ils aussi une ou deux suggestions à de vieux praticiens.
7 conseils pour gagner du temps :
- Ne recevez qu’exceptionnellement des visiteurs avant 11 heures du matin. « Ceci pour avoir le temps de liquider votre courrier, de prendre toutes vos dispositions importantes et de distribuer assez tôt le travail à vos collaborateurs.
- Exécutez chaque travail qui se présente sur-le-champ. S’il a trop d’ampleur, notez-le dans le plan de travail du lendemain ou des jours suivants, en prévoyant le temps nécessaire, et ne le renvoyez sous aucun prétexte.
- Confiez à des collaborateurs qualifiés tous les travaux qui ne doivent pas absolument être faits par vous-même.
- Ne prévoyez des entretiens et des conférences internes que lorsqu’il y a des questions importantes à discuter. Donnez aux participants le temps de s’y préparer et d’étudier des propositions.
- Ne gaspillez pas de temps à un problème avant d’avoir réuni et examiné tous les renseignements, les faits et si possible les résultats d’essais y-relatifs.
- Travaillez calmement. Décidez-vous rapidement, mais sans hâte ni précipitation. Attaquez courageusement votre besogne, mais agissez d’une manière réfléchie.
- Sachez choisir, diriger et stimuler des collaborateurs qualifiés.
Voir les choses à distance tout en restant concret
II est nécessaire de voir les grandes lignes. Mais pour autant, nous ne devons jamais perdre de vue que la tâche de chacun consiste à accomplir les travaux concrets, immédiats, qui lui sont confiés.
Qui est un chef, un guide ?
Qui est un chef, un guide?
Celui qui sait conduire les hommes, pour leur propre bien et pour le bien de tous.
Un chef ne conduit pas seulement par des ordres et des discours : il guide par l’exemple.
Un chef conduit par son action.
Le chef se distingue déjà par le fait qu’il accomplit son travail mieux, avec plus d’assurance et plus de succès que les autres.
Un chef dirige avant tout par son action efficiente.
Celui qui accomplit un travail meilleur et plus utile deviendra déjà de ce fait un guide.
Le chef par vocation est avant tout un chef spirituel. Il dirige par sa supériorité morale.
Il ne pense pas devoir laisser entendre à chaque occasion qu’il est le chef. Mais il se comporte véritablement en chef à tous les points de vue.
Un vieux proverbe affirme que pour commander, il faut d’abord savoir obéir.
Celui qui est dans la pratique constate qu’il est encore plus difficile de commander que d’obéir.
C’est pourquoi il n’est pas si facile d’être un chef et un guide.
Le poste occupé, les titres, rangs, fonctions, honneurs et galons ne prouvent pas la valeur d’un chef.
Le vrai chef est le serviteur d’une cause, d’une idée, et pas seulement de lui-même.
Le véritable chef conserve son attitude positive en toute circonstance, même en face des plus grosses difficultés. Il croit à sa mission, à sa tâche, à sa victoire.
Il se fixe et fixe à autrui des buts et des tâches. Par sa foi, son attitude, sa direction, il entraîne ses subordonnés, les enthousiasme pour ses idées et pour chaque but nouveau qu’il leur fixe.
Celui qui veut être un chef doit aussi avoir une direction intuitive, intérieure.
L’intuition est la révélation intérieure de la voie à suivre.
Un homme doué de raison, mais privé d’intuition, est comparable à un avion navigant dans le brouillard sans boussole.
Le raisonnement est important. Mais l’intuition l’est plus encore. La raison privée du concours de l’intuition est sans guide.
Un homme ne devient un chef que si la raison et l’intuition coopèrent harmonieusement en lui.
Diriger signifie se stimuler soi-même et stimuler les autres, entraîner tous ses collaborateurs à se perfectionner et à devenir plus compétents.
Le véritable chef est en même temps un pionnier.
Il sait reconnaître les nouvelles voies, les nouvelles possibilités, et, en vrai pionnier, il est prêt à aller seul de l’avant s’il le faut.
Celui qui veut diriger doit savoir qu’il ne sera pas toujours compris, qu’il ne peut pas toujours être compris. Malgré cela, il ira au but qu’il s’est fixé. Dans bien des phases décisives d’un travail et de la vie, il importe moins d’être compris que d’accomplir la tâche dont on a reconnu la justesse.
D’autre part, celui qui veut diriger doit comprendre ses subordonnés, leurs faiblesses aussi bien que leurs forces. Il doit savoir leur désigner et leur aider à vaincre leurs points faibles et stimuler leurs points forts.
Celui qui ne veut pas être chef que de nom doit avoir le courage de porter des responsabilités. Il doit avoir conscience de sa propre responsabilité.
Le vrai chef est un maître dans l’art subtil de connaître, manier, persuader et entraîner les hommes.
Le bon chef apprend à ses subordonnés à se débrouiller. Il les amène à se diriger eux-mêmes.
Dans les périodes où les problèmes, les événements et les décisions se précipitent, nous avons grand besoin de vrais chefs.
Mais il nous en faut aussi en temps normal. Chaque entreprise, chaque service a besoin d’un chef. Nous irons même plus loin : chaque homme que nous devons conseiller a besoin d’un guide, chaque poste a besoin d’un chef.
Mais on se contenterait déjà d’avoir un chef pour chaque grande tâche à accomplir !
Le tout est d’être prêt !
Le tout est d’être prêt ! Seul l’individu compétent pourra sortir du rang, seule l’entreprise qui sera à la hauteur de sa tâche tiendra. Seuls le peuple et le pays dont les tâches politiques, culturelles et économiques sont dirigées par des hommes capables auront leur mot à dire dans les futures luttes pour l’existence et le progrès.
Même si l’incertitude dans laquelle nous sommes à maints égards rend une décision impossible, notre devoir subsiste : tout faire et tout prévoir pour être à la hauteur des nouvelles tâches qui nous attendent.
La vie continue. Notre communauté populaire a besoin de chefs capables, bien préparés à leurs tâches futures.
Que chacun à sa place s’arme pour donner le maximum dans l’effort qui nous sera demandé dans un proche avenir.
Nous ne devons pas nous attendre à recevoir plus que nous ne sommes prêts à donner nous-mêmes.
Reconnaissons les signes des temps ! Plus nous aurons d’hommes compétents, prêts à payer de leur personne dans toutes les professions et à tous les postes, et mieux cela vaudra pour tous.
L’homme supérieur qui est à la barre ne s’attarde pas à regretter vainement le passé. Il le considère uniquement pour en tirer la leçon. Il en oublie les désagréments et sait reconnaître tout ce que ce passé lui a malgré tout apporté de bon.
L’homme à la barre est à la hauteur du présent, mais il est tourné vers l’avenir.
Il sait que les eaux sur lesquelles il navigue ne sont pas calmes, mais agitées. Mais en bon pilote, il sait manier la barre et garder sa route.