Cultiver sa personnalité
Le principal atout de l’homme et de la femme, dans leur travail et dans la vie, c’est le facteur humain : la personnalité et le caractère.
Ce sont toujours la personnalité et le caractère qui donnent à un être humain sa marque particulière.
De même, la personnalité, le style et le caractère contribuent toujours à la renommée et au succès d’une œuvre, grande ou petite.
Et chaque action constructive, chaque travail est l’œuvre d’hommes et porte plus ou moins la marque de leur personnalité.
Définir son propre caractère n’est pas facile. Et pourtant, il est extrêmement important de se juger et de juger ses actes objectivement.
Seule la connaissance de nos propres forces et de nos faiblesses nous permet d’agir conformément aux buts que nous visons.
Chaque individu, chaque collectivité — entreprise, corporation ou état — doit commencer par découvrir ses particularités et le domaine qui lui convient. Sinon, il ne saurait arriver à un rendement optimum.
Une communauté de travail ne périclitera jamais si son chef sait lui donner la personnalité, le style, le caractère qui lui conviennent.
Chaque communauté de travail a une façade extérieure, un « front » sur lequel elle est en contact avec le public : les hommes qui la représentent, son travail, sa propagande, une note personnelle dans le service, etc.
Veillons à ce que cette façade apparaisse toujours nette et plaisante à ceux qui l’observent.
N’oublions pas l’élément humain, l’esprit, l’idée qui doit guider chaque travail, chaque effort, même s’il ne s’agit « que » de trouver une nouvelle solution ou une méthode nouvelle et meilleure.
Celui qui sait donner à son activité une note particulière et personnelle réalise déjà de ce fait une sensible avance sur les autres.
La personnalité, le courage, la faculté d’entreprendre du nouveau et de le réaliser n’ont jamais encore été aussi nécessaires qu’aujourd’hui.
Naturellement, on ne peut pas toujours faire du nouveau. Commençons déjà par faire d’une manière nouvelle, inaccoutumée, les choses habituelles, la tâche quotidienne ! Cela nous ouvrira les yeux sur bien des possibilités nouvelles.
Un efficient ne saurait se passionner à faire les choses comme on les a toujours faites, à faire ce que tout le monde fait.
Où irions-nous si notre civilisation et notre économie étaient dirigées par des messieurs « On-a-toujours-fait-comme-ça » ?
Pour celui qui veut progresser, il n’y a qu’un moyen de parvenir au succès : c’est de saisir les nouvelles possibilités et d’en tirer parti.
N’ayons pas peur d’être différents, d’entreprendre une rois les choses autrement, de parler ou d’écrire autrement, de mettre une note nouvelle dans nos relations avec autrui, bref, de faire quelque chose de nouveau.
Ne rejetons pas les idées nouvelles qui nous viennent simplement parce qu’elles heurtent nos habitudes. Ecoutons leur message. Examinons leur valeur. Si elles nous paraissent bonnes, mettons-les à l’épreuve, puis adoptons-les.
Celui qui a son propre caractère, son style, son individualité marche en tête du progrès.
Celui qui guigne timidement à droite et à gauche pour voir ce que les autres disent et font, restera toujours aux derniers rangs.
Il est juste de protéger ceux qui sont faibles. Mais la lutte contre les excès et les pratiques déloyales ne doit pas empêcher l’individu d’affirmer et de traduire en actes son initiative et sa personnalité.
N’ayons surtout pas peur d’être « autrement », de faire quelque chose de nouveau.
Celui qui sait s’enthousiasmer réussit
Celui-là vit vraiment, qui a toujours devant les yeux son but, un but pour lequel il vaut la peine de lutter.
Une des facultés qui ne doivent pas manquer à l’efficient, c’est celle de s’enthousiasmer.
Celui qui est incapable de s’enthousiasmer pour un but, une idée, une œuvre ou un service, diminue l’efficacité de ses efforts.
Nous ne réaliserons toute la grandeur et la beauté de notre travail que si nous avons retrouvé la foi et la faculté de nous enthousiasmer.
La foi et l’enthousiasme sont les caractéristiques de la jeunesse. Si nous les avons perdues, recherchons-les sous les décombres. Renouvelées et mûries, elles seront mises au service de buts qui en valent la peine. Celui qui redevient jeune retrouve la faculté de s’enthousiasmer.
Et inversement, celui qui peut de nouveau s’enthousiasmer retrouve sa jeunesse.
On le voit, celui qui ne sait plus s’enthousiasmer perd son ressort moral et, du même coup, sa faculté d’accomplir des choses nouvelles et de valeur d’agir judicieusement au moment opportun.
Mettez en concurrence deux hommes, dont l’un sait s’enthousiasmer et l’autre pas : c’est toujours le premier qui l’emportera.
L’enthousiaste croit à un but et s’efforce de l’atteindre.
Chaque entreprise, chaque pays, a besoin d’hommes qui accomplissent leur tâche avec enthousiasme.
Ne plus s’intéresser à rien, ne plus pouvoir s’enthousiasmer ni se passionner pour rien, voilà la marque de ceux qui veulent trop prendre et trop peu donner.
Celui qui empêche autrui d’avancer reste lui-même en arrière. Une personnalité capable entraîne les autres dans sa marche en avant.
Celui qui veut réaliser ses rêves doit se réveiller et agir.
Les projets les plus beaux tombent à l’eau si nous ne faisons rien pour les réaliser.
L’optimisme doit avoir un fondement. Une fois que nous avons trouvé ce fondement, nous sentons en nous une force qui triomphe de tous les obstacles, qui nous entraîne et nous enthousiasme, qui nous donne l’élan nécessaire pour venir à bout des difficultés et des résistances.
Tirer parti du temps et des circonstances, tout est là !
Chaque époque a ses manifestations et ses événements particuliers. Peu importe, en somme, les événements qui se sont déroulés et que les hommes ont dû subir. La seule chose qui compte, c’est le parti qu’ils en ont tiré.
En réalité, la vie nous apporte chaque jour un nouveau risque. C’est un perpétuel saut dans l’inconnu. Chaque risque auquel nous faisons face courageusement stimule notre force morale.
Nous ne serons à la hauteur des événements à venir que si nous les considérons avec calme et confiance.
Nous ne pourrons entreprendre résolument les tâches qui nous attendent que si nous avons cessé d’envisager le destin craintivement et sans courage.
Il y a dans la vie des choses auxquelles nous ne pouvons échapper. Il y a des décisions inéluctables. Le danger sera d’autant plus petit que nous nous familiariserons plus vite avec les faits en présence desquels nous sommes placés et que nous leur ferons face plus positivement.
Manquer d’assurance, être irrésolu, c’est déjà perdre à moitié la partie.
Notre époque n’a pas de place pour des êtres qui gémissent et se plaignent continuellement, et sont une charge pour eux-mêmes et pour leur prochain.
Etre prêt à affronter courageusement tout ce qui adviendra, voilà le meilleur remède contre le pessimisme.
Ce qui compte, ce n’est pas l’époque et les circonstances que nous vivons, mais le parti que nous en tirons.
Le temps, c’est de l’argent ! C’est vrai, pour autant qu’on nous le paye. Mais l’argent n’est pas du temps. On peut perdre un franc et le retrouver. Mais une heure vraiment perdue ne se retrouve plus. Elle est à jamais passée.
Celui qui déclare à tout propos qu’il n’a pas le temps de faire quelque chose d’important, de produire davantage etc., le trouvera rarement. Celui qui a besoin de temps doit se le créer.
Tout vient trop tard à qui trop attend !
Economiser le temps, c’est l’employer utilement, en tirer le meilleur parti possible.
Savoir se débrouiller !
Ce que me dicte ma conscience, voilà mon devoir, et non ce que les gens pensent que je dois faire.
Ayons confiance en nous-mêmes, et nous deviendrons capables de nous débrouiller.
Seul celui qui est intérieurement indépendant le sera vis-à-vis du monde extérieur.
Le tout est d’être intérieurement indépendant !
L’homme le plus capable se dégonfle et reste en arrière, s’il n’a pas le courage de faire un effort personnel.
Le paresseux, celui qui n’ouvre pas les yeux et ne prend jamais d’initiatives, mais préfère se laisser pousser par les événements, ne doit pas s’attendre à ce que les choses aillent selon ses désirs.
Nous devons avoir le courage de nous servir de notre raison, de notre intelligence et de notre force créatrice.
Seul ce que nous perfectionnons nous-mêmes a pour nous une valeur durable et porte des fruits qui nous réjouissent réellement.
Le meilleur moyen de se débrouiller est d’agir. Et notre activité nous permettra d’autant mieux de nous débrouiller qu’elle est plus utile à notre prochain et à la communauté.
Un groupement professionnel, une nation, ne progresseront que dans la mesure où chacun saura accomplir un effort personnel intelligent.
C’est en faisant confiance à ce qu’il y a de meilleur en nous que nous serons le mieux dirigés.
Un homme décidé saura entreprendre davantage avec une clé anglaise qu’un irrésolu muni de tout un outillage.
Tout vient à point à qui sait quand et pourquoi il faut attendre et quand et comment il faut agir.
Toute ascension a eu un point de départ. Pourquoi notre point de départ ne serait-il pas aujourd’hui, le travail que nous sommes en train d’accomplir ?
Devant le passé, découvrons-nous ! Devant l’avenir, retroussons nos manches !
De l’art de manier les hommes
La plupart des hommes en savent plus long sur le maniement de leurs outils, de leurs instruments de travail et de leurs machines que sur la façon de manier leurs ouvriers, leurs employés et les hommes en général.
La solution de nos problèmes professionnels et privés dépend en bonne partie de notre faculté de manier les hommes.
On ne confie une machine de prix qu’à du personnel en connaissant le maniement.
Et les hommes ?
On se rend encore trop peu compte que l’art de diriger des êtres humains est le plus grand de tous les arts.
Manier des hommes signifie les diriger. Plus nous le ferons avec psychologie, plus grand sera notre succès.
Celui qui veut réussir dans ses relations avec les hommes doit pouvoir les comprendre.
Pour comprendre les hommes, il faut connaître leur nature, agir en conséquence, avoir des vues justes et être bienveillant à l’égard de son prochain.
La bienveillance nous permettra de comprendre un homme, quelle que soit sa nature, et par là de le conquérir.
Celui qui étudie et découvre ce que pense son prochain et pourquoi il pense ainsi s’intéressera de plus en plus à l’art de manier les hommes et y trouvera toujours plus de satisfactions.
Celui qui veut apprendre à connaître les hommes doit commencer par s’étudier lui-même.
Abordons les hommes sans opinions préconçues ni préjugés, avec un jugement pareil à un film non exposé, et nous en obtiendrons une image exacte. Nous pourrons alors agir plus habilement.
Lorsque nous voulons juger les vices de caractère des hommes avec lesquels nous avons à faire, nous devrions nous comporter comme le médecin, qui ne voit pas seulement l’organe malade, mais la cause du mal.
Non seulement nous pourrons ainsi mieux comprendre et juger les hommes, mais nous serons plus aptes à les manier et les conquérir.
Sur dix hommes qui ont réussi, neuf doivent leur succès à leur art de manier les hommes au moins autant qu’à leur compétence professionnelle.
Les efficients ne voient pas seulement les choses avec leurs propres yeux. Ils savent les considérer du point de vue des autres. C’est fine de leurs facultés les plus précieuses.
Celui qui laisse autrui s’affirmer s’assure un avenir
Une bonne cause souffre souvent davantage de la violence de ses apôtres que des objections de l’adversaire.
Voici encore deux catégories d’êtres que le chef doit apprendre à connaître et à manier : ceux qui admettent qu’on leur dise quelque chose, et les « parfaits », qui savent déjà tout.
On peut être supérieur, mais il ne faut pas le faire sentir.
Si vous ne pouvez pas encore aimer vos ennemis, commencez par mieux traiter vos proches amis.
Les gens ne désirent pas qu’on leur parle, mais qu’on s’entretienne avec eux.
Pensons-y toujours : c’est le cœur, et non la tête, qui fait l’homme.
Celui qui veut rester vainqueur dans la vie doit avoir de la bonté, beaucoup de bonté. Et si nous voulons réussir dans l’art de manier des hommes, nous devons aussi éprouver de l’amour. L’amour nous apprend à comprendre et à agir en conséquence.
Aimer, c’est comprendre.
L’amour est le désir et la volonté de rendre autrui heureux. C’est en même temps le seul moyen d’être soi-même heureux.
Conduire les hommes, c’est les aider à développer leurs possibilités.
Dans bien des entreprises, à force de travailler et de diviser le travail, on oublie l’homme et son âme.
Si nous voulons stimuler des hommes, les enthousiasmer pour une tâche, grande ou petite, nous devons porter nos efforts sur ce point et pratiquer un art de diriger nouveau et meilleur.
Conduire l’entreprise humainement mais dans la discipline, diriger et stimuler intelligemment chaque travailleur, former les chefs et leurs subordonnés, voilà des tâches qu’exige notre époque.
Sachons — en commençant par nous-mêmes — développer, stimuler et éduquer l’individu, de l’ouvrier et du contremaître au directeur général, et la question sociale sera résolue.
L’homme et le travail
Seule une attitude positive à l’égard de notre travail nous rend vraiment productifs.
L’employeur avisé tient à ce que son personnel ne travaille pas seulement avec les mains, les pieds, la langue, mais aussi avec le cerveau. La sagesse suprême pour un chef est de gagner non seulement la collaboration des cerveaux, mais les cœurs et les âmes.
Que le travail soit à la fois votre gagne-pain, votre joie et votre remède !
Nous devons pouvoir travailler et croire sans nous faire d’illusions.
Seul celui qui travaille avec joie peut faire œuvre de réelle valeur.
Le travail doit élever l’homme, et non l’asservir. Il doit le libérer, et non en faire un esclave.
Le travail ne doit être ni une corvée, ni un fardeau.
Que tout celui qui occupe et dirige des hommes médite sur ce sujet. Chacun doit contribuer à ce que le travail redevienne une bénédiction.
Par-là, nous n’entendons pas condamner les méthodes de travail rationnelles ni les machines. Mais il est essentiel que l’homme domine la machine et non le contraire.
La machine doit décharger l’homme, le rendre plus libre.
Au lieu de cela, l’homme est devenu de plus en plus l’esclave de la machine. Des milliers de travailleurs s’en rendent compte, mais on n’a pas su ou pas voulu le comprendre.
Un vaste plan de création d’occasions de travail, qu’il émane de l’Etat ou de l’initiative privée, serait incomplet s’il ne contenait pas un programme de propagande en faveur du travail lui-même.
Car il s’agit avant tout de placer sur une autre base, meilleure, les rapports entre l’homme et le travail.
Il faut donner à des milliers d’êtres plus de joie au travail.
Il faut semer l’enthousiasme et l’amour du travail.
Il faut recréer une attitude constructive et positive vis-à-vis du travail, il faut recréer des hommes reconnaissants.
Des milliers d’hommes ne connaissent plus le sens profond du travail.
Dans le roman « Le pétrole », d’Upton Sinclair, les mineurs chantent :
Nous travaillons pour gagner de l’argent pour nous nourrir pour avoir la force de travailler pour gagner de l’argent pour nous nourrir etc., etc.
C’est le travail sans joie, le travail vide de sens. Car il est clair qu’avec une telle conception du travail, on ne peut plus se rendre compte de sa vraie valeur.
Dans tout progrès, c’est l’être humain qui doit être en vue. Un progrès économique qui écrase l’homme est une folie.
Voici le critère de toutes les idées, de tous les progrès :
Contribuent-ils au développement de l’homme ?
Qu’est-ce que la liberté?
La véritable liberté est d’essence spirituelle. Elle est en nous.
Et tout d’abord, la liberté n’est pas ce que beaucoup s’imaginent volontiers : la liberté de toujours faire ce qui nous plaît.
Beaucoup s’imaginent être libres et sont les esclaves de leurs opinions, de leurs pensées et de leurs sentiments subjectifs.
Beaucoup se croient libres et sont les esclaves de leurs fautes passées, qu’ils ne veulent pas voir ou avouer ; esclaves de leurs intérêts mesquins, esclaves des circonstances et des situations qu’ils ont créées eux-mêmes et qu’ils n’osent pas modifier.
La véritable liberté n’est pas un désir ou une profession de foi, mais une possibilité et une réalité active.
Elle n’est pas une chose dont on se prévaut ou dont on use selon son bon plaisir, elle est la maîtrise librement consentie de soi.
Il en est de la liberté comme de l’amour : elle ne se commande pas. Ou bien on constate, comprend et sent ce qu’elle est, ou bien elle n’existe pas.
La vraie liberté est plus grande et plus élevée que beaucoup ne le pensent.
Qu’est-ce donc que la liberté ? Chacun ne l’a-t-il pas apportée avec lui en venant au monde ? Est-elle dans la faculté que nous avons de nous orienter vers le bien ou vers le mal, de nous élever ou de nous abaisser ? Chacun ne doit-il pas choisir chaque jour entre la liberté et la servitude ?
La liberté, c’est que chacun puisse à cet égard faire son choix.
Il n’est pas si simple d’être libre ! La liberté exige des hommes accomplis.
La liberté doit être conquise, comme tout ce qui a de la valeur. Et l’on doit en être digne.
Celui qui n’est pas libre commet l’erreur de vouloir jouer un rôle.
Le rôle vient de lui-même, lorsque nous nous efforçons de nous réaliser.
L’homme libre reste fidèle à lui-même.