Ayons l’esprit ouvert
Le secret du succès dans la vie, c’est d’être prêt à saisir les occasions quand elles se présentent.
De même que les daltoniens ne distinguent pas les couleurs, certains hommes ne voient pas les faits, d’autres ne voient pas les idées.
Que nous lisions un bon livre ou un article, que nous assistions au spectacle de la vie quotidienne, de ses événements et de ses menus faits, l’essentiel est d’observer, de réfléchir, de saisir ce qui a de l’importance pour nous.
Tout ce que nous voyons, entendons ou observons peut nous être utile, nous indiquer dans quelle direction nous devons orienter nos pensées et nos réflexions.
Naturellement, il faut que nous sachions voir et saisir ce qui peut servir à la réalisation de nos buts.
Mais nous ne verrons et saisirons ce qui a de la valeur que si nous possédons les vues et le jugement nécessaires.
Alors, mais alors seulement, nous serons accessibles à tout ce qui peut nous faire progresser, non seulement au point de vue professionnel, mais aussi au point de vue humain.
II est terrible d’être aveugle. Mais il semble plus terrible encore pour le développement d’un être humain qu’il ne voie ni les idées ni les faits.
Cette cécité-là a fait plus de mal dans le monde que n’aurait jamais pu en causer la cécité physique.
L’homme qui réussit n’est pas celui qui a le plus de possibilités, mais celui qui les voit et sait les mettre en harmonie avec ses intentions, ses buts, et en tirer parti.
Les possibilités sont toujours là, mais seul celui qui a les yeux ouverts en prend conscience.
Sachons voir et créer des possibilités!
Chaque homme, chaque œuvre, porte en soi son destin. Il suffit de le découvrir.
Certaines gens, en entrant dans un jardin, voient tout de suite les mauvaises herbes, mais pas les belles fleurs qui y croissent.
De même, certains voient toujours dans leur travail les difficultés, mais jamais les possibilités.
Certes, nous savons que des problèmes ardus se posent à chacun. Aujourd’hui, il n’est effectivement pas facile de réserver du temps et des forces pour les tâches essentielles. Il y a tant de petits détails à régler qu’on risque de s’enliser dans le travail de routine. Dès lors, on n’a plus la liberté d’esprit et le recul nécessaires pour saisir les possibilités et en tirer parti.
Et pourtant, une des tâches essentielles de chacun est de s’élever au-dessus du travail de routine pour découvrir et exploiter les possibilités.
La vie doit être pour nous une mine de possibilités.
A nous de les saisir, de répondre à leur appel.
Seul un esprit ouvert et positif permettra au bâtisseur de créer quelque chose de positif.
Il doit être à la fois positif et actif. De son attitude morale dépendent ses possibilités de réussir.
Les possibilités ne manquent jamais : seulement, beaucoup ne savent plus les voir.
Le nombre d’idées qu’un homme saisit et assimile ne dépend absolument pas de la quantité d’idées qui sont à sa portée.
S’il est borné ou s’il s’attend à recevoir une solution toute prête à ses difficultés, sans effort de sa part, les idées et les possibilités les plus splendides lui échapperont.
Beaucoup se trouvent dans ce cas. Des douzaines d’idées et de suggestions sont chaque jour à leur portée. Ils n’auraient qu’à les saisir. Les idées les meilleures leur sont littéralement servies : ils devraient les voir.
Ils ne les voient pas. Ou bien ils n’ont jamais appris à regarder, ou bien ils ne savent plus voir.
Nul ne pourra comprendre et mettre à profit une idée qui dépasse son entendement.
Nul ne trouvera une issue à ses difficultés s’il n’accomplit pas ses devoirs évidents, s’il ne voit pas les possibilités les plus immédiates.
Apprenons à regarder, à bien observer les mille choses que nous voyons et entendons, auxquelles nous assistons chaque jour. Nous y découvrirons une mine d’idées et de suggestions. Nous constaterons que nous sommes entourés d’une profusion d’idées utiles, qu’il suffit de saisir et de mettre en harmonie avec nos tâches et nos buts.
Mais pour pouvoir prendre conscience de ces richesses et tirer profit de ce que nous voyons, nous devons avoir l’esprit réceptif, être prêt à enregistrer des impressions.
Retirons-nous de temps à autre dans le silence. En toutes saisons, n’oublions pas de rester en contact avec la nature.
C’est ainsi que nous trouverons de nouvelles forces et, avec elles, la certitude de ce que nous devons faire.
Comment trouver et mûrir des idées ?
La raison pour laquelle beaucoup de gens ne saisissent pas les occasions, est qu’elles semblent à première vue exiger de nous un dur travail et la mise en œuvre de toutes nos forces.
En général, les bonnes idées ne nous viennent pas sans que nous les gagnions.
Tout se paye, même les idées ! Il est certain que nous trouverons plus facilement des idées si nous savons clairement dans quelle direction nous devons chercher.
Si l’on n’a que de vagues désirs et aperçus, on trouve rarement de bonnes idées.
Nous pourrons d’autant mieux puiser aux bonnes sources d’idées et saisir rapidement la valeur d’une idée lorsqu’elle se présente que nos buts seront plus définis et que nous saurons mieux ce qui nous manque et ce que nous voulons.
Le fait de fixer nos plans et nos buts par écrit suffit déjà à nous rapprocher des idées dont nous avons besoin.
En général, seuls les hommes qui sont toujours prêts à apprendre et à assimiler du nouveau trouvent des idées. Celui qui sait déjà tout et se croit assez malin ne trouve pas d’idées. Pire encore, il dédaigne les meilleures idées qui lui sont offertes.
C’est pourquoi l’assimilation de nouvelles idées a une analogie avec l’assimilation de nouvelles connaissances ou de nouvelles expériences. Les connaissances et les expériences n’ont de valeur et d’utilité pour nous que si elles ont passé par les différentes phases de l’assimilation.
Si nous savons faire passer nos expériences, nos observations et les nouvelles idées par les phases correspondantes, ou bien nous les éliminerons au moment opportun, ou bien nous en tirerons le maximum d’efficacité.
Chercher et trouver des idées n’est pas seulement comme beaucoup le croient, une simple question d’ambiance et d’humeur. C’est un travail, un travail dirigé, sincère, opiniâtre, méthodique, exécuté selon un plan.
Celui qui veut trouver des idées utiles doit savoir observer, regarder, lire et assimiler dans un esprit constructif. Plus il s’y exercera, et plus il tirera d’idées de ses lectures et de ses observations quotidiennes.
Mais il faut toujours une certaine dose de travail préparatoire et une attitude en quelque sorte conforme aux idées que l’on cherche. Il faut se mettre dans l’ambiance.
Pour trouver des idées, il faut rester réceptif. Il faut qu’au moment où nous captons une idée, nous soyons déjà en éveil, afin que nous soyons forcés de réagir.
Sans réactions, il ne se produit naturellement rien. Il ne suffit donc pas que nous ayons des idées. Ce qui importe, c’est que nous réagissions et comment nous réagissons.
Encore une fois, nous devons être prêts à saisir les idées. N’est prêt que celui qui se prépare positivement et méthodiquement.
Etre prêt à recevoir des idées exige une grande fraîcheur d’âme et d’esprit, un état d’esprit positif, le don d’observation, la faculté de saisir rapidement l’essentiel d’une chose.
Si quelqu’un déclare qu’il n’a pas d’idées, cela tient à lui seul. Car il y a toujours suffisamment de suggestions à notre portée.
D’innombrables pommes sont tombées de leur arbre avant qu’elles aient fait surgir dans le cerveau de Newton l’idée qui l’amena à découvrir les lois de la gravitation.
Nous ne sentons et ne saisissons une idée que si nous possédons certaines lumières et certaines facultés de jugement.
Nous serons alors accessibles aux idées et aux suggestions qui peuvent nous faire progresser non seulement au point de vue professionnel, mais aussi au point de vue humain.
Avoir des idées n’est pas tout : il faut encore les mettre à exécution.
L’histoire des inventions nous montre des milliers de cas où deux, trois hommes et plus ont eu la même idée. Mais un seul l’a réalisée.
Cela arrive surtout pour des choses simples, évidentes. Voici pour le prouver deux exemples pris dans la même branche.
Un conseiller municipal d’Erfurt aimait la salade au cresson de fontaine. Il eut l’idée de suggérer aux jardiniers d’Erfurt de cultiver le cresson de fontaine en grand. C’était au dix-huitième siècle.
Il est certain que des milliers de personnes avaient mangé du cresson de fontaine à Erfurt ailleurs. Mais une seule eut cette idée.
Jusqu’à la déclaration de guerre, Erfurt livrait chaque année au marché mondial, en chiffres ronds, 1200 quintaux de cresson de fontaine. On achetait volontiers cette salade d’hiver savoureuse et saine.
Les horticulteurs de la Cornouailles doivent la prolongation de leur saison de vente de trois à six mois au directeur commercial d’une des mille maisons de cultures florales établies dans cette région de l’Angleterre.
Il y a quelques années, ce directeur fit pendant ses vacances un voyage dans le Midi de la France et vit les anémones géantes qui y croissent à profusion pendant les mois d’hiver. Des milliers d’hommes d’affaires les avaient sûrement vues chaque année, mais ils n’avaient vu que les fleurs. Cet homme jeune, à l’esprit alerte, vit les mêmes fleurs, lui aussi, mais il vit davantage.
Il entrevit les possibilités qui s’offriraient si l’on réussissait à cultiver ces anémones en Angleterre. C’étaient de belles fleurs, très populaires, et qui se maintenaient longtemps fraîches.
Il emporta quelques graines chez lui, fit des essais et, selon son attente, les fleurs se développèrent admirablement dans le climat doux et chaud de la Cornouailles. Elles constituèrent une nouvelle branche d’activité pour les établissements de cultures florales. D’article accessoire, elles devinrent bientôt un succès, qui battit tous les records de vente.
Au cours de ces quelques dernières années de culture, le chiffre d’affaires atteignit plus de huit fois ce qu’il était avant. C’est par dizaines et centaines de milliers que les anémones furent envoyées partout.
Un grand jardin botanique reçut par exemple en un seul jour plus de 600.000 plantes.
Cette affaire partie de rien est devenue grande simplement parce qu’un jour — un jour comme les autres pour le reste du monde ! — un chef avait maintenu son intelligence et son esprit en éveil.
En fait, les idées peuvent décider des progrès ou du recul d’une entreprise, des bénéfices ou des pertes d’un exercice. Il est donc vital que nous soyons toujours en quête d’idées, que nous ne laissions inutilisée aucune source d’information susceptible d’alimenter nos recherches et de nous apporter des suggestions.
Les bonnes idées ne surgissent pas du néant. Elles naissent généralement d’autres idées que nous avons emmagasinées.
Dans notre activité professionnelle moins que partout ailleurs, les problèmes ne peuvent être résolus simplement par des préceptes et des recettes « toutes prêtes ».
La première condition pour avoir des idées est de savoir les accueillir.
Comment développer ses propres idées en partant des suggestions extérieures et des idées d’autrui ?
Disons d’abord que les idées viendront toujours plus facilement si nous avons su nous préparer à les recueillir en nous créant une méthode efficiente de travail.
Lorsqu’un homme écrasé par son travail et les circonstances entend parler de technique du travail, il se représente volontiers une nouvelle invention qui l’asservira davantage encore à son travail et à ses ennuis.
Il existe peut-être des méthodes de travail mal comprises qui peuvent se manifester dans ce sens. Mais il est clair que toute technique du travail qui aboutit à un tel résultat est foncièrement erronée.
Une technique du travail vraiment utile et de valeur doit permettre à l’homme travaillant dans une tension perpétuelle, donc difficilement, d’accomplir sa besogne plus facilement.
Ce n’est pas pour rien qu’on dit d’un homme travaillant comme un forcené qu’il se tue au travail. Il dépense trop de force physique et nerveuse.
Nombre d’hommes se tuent à la tâche parce qu’ils ont une conception erronée du travail et une mauvaise méthode pour l’accomplir.
Ce n’est à vrai dire pas le travail en soi qui surmène les forces et les nerfs de l’homme, mais ses constantes infractions aux règles les meilleures et les plus élémentaires d’une sage organisation du travail.
Beaucoup ne se rendent même pas compte combien leur manière de travailler réduit leur rendement, leur faisant dilapider leurs réserves de force et de santé.
Comment doit-on travailler ?
Le rendement est-il uniquement une question de technique ?
Qu’est-ce au fond que la technique du travail ? En réalité, le terme « technique du travail » est incomplet. Une technique du travail bien comprise n’exige pas seulement de l’individu l’emploi d’une méthode déterminée. Elle englobe tous les facteurs qui peuvent améliorer le rendement, créer une plus grande clarté et mener plus rapidement et plus complètement au succès.
La technique du travail bien comprise ne se limite pas à l’exécution méthodique de notre tâche. Elle doit aussi influencer la disposition au travail, balayer les hésitations et créer toutes les conditions qui garantissent un effort fructueux et sans entraves.
Nous atteignons le maximum de rendement par l’équilibre physique et psychique joint à l’emploi de la méthode de travail la plus appropriée.
Nos plans de travail devraient donc prévoir comment chaque facteur peut être mis en œuvre le plus efficacement pour obtenir le rendement le meilleur.
Voici les sept principaux facteurs à mettre en œuvre pour le travail intellectuel :
1. Notre capital physique.
Il est hors de doute que l’effort physique joue un rôle important dans notre rendement. La productivité de notre cerveau dépend dans une forte mesure de la composition de notre sang, de nos échanges cellulaires, de l’état de nos nerfs et de notre constitution générale.
Celui qui veut atteindre le maximum de productivité ne doit pas s’écarter des lois biologiques qui régissent notre organisme. La nature ne se laisse pas violenter.
Comment travailler plus facilement et sans fatigue ?
Comment se libérer de certaines tensions ? Comment se fortifier par le repos, le sommeil, une respiration et une alimentation correctes, par des exercices et des soins corporels appropriés ?
Ce sont là quelques-unes des premières questions que devrait se poser celui qui entend travailler méthodiquement.
2. Intelligence, faculté de penser et de se concentrer.
On considère volontiers l’intelligence et la faculté de penser comme des facteurs inchangeables. Mais on ne manque pas d’exemples où une intelligence non exercée, même associée à un talent de premier ordre, échoue précisément parce qu’elle est employée sans méthode, tandis qu’un homme d’intelligence moyenne atteint souvent des résultats excellents par une utilisation plus rationnelle de ses facultés intellectuelles.
Non seulement on peut améliorer sa mémoire, mais on peut aussi stimuler dans une grande mesure l’activité de la pensée créatrice.
Même une intelligence moyenne peut acquérir les méthodes de réflexion analytique, la technique des questions pour résoudre les problèmes importants, et une faculté de concentration particulière.
Naturellement, l’homme doué d’une intelligence au-dessus de la moyenne profitera d’autant plus de l’éveil et de la formation de ses facultés intellectuelles à un travail méthodique.
3. Les facultés.
Les facultés ne doivent pas être confondues avec les connaissances.
Il ne s’agit pas de dispositions et de talents innés qui prédestinent l’homme à certains travaux et certaines œuvres. Les talents ont précisément besoin d’être cultivés systématiquement. Les meilleures dispositions et facultés restent à l’état latent, si on ne les cultive pas pour les fortifier et les faire produire.
Maint homme doué de talents relativement minimes est arrivé assez loin par la persévérance et l’utilisation méthodique de ses forces. Par ailleurs, l’histoire nous apprend que les plus grands esprits de tous les temps n’ont tiré le meilleur d’eux-mêmes que par un entraînement et un perfectionnement inlassables.
Le fait de posséder à fond une technique du travail de réelle valeur doit nous mettre en mesure de faire le maximum pour stimuler et développer nos capacités et nos forces. Les facultés qui font défaut peuvent être compensées méthodiquement, de manière à combler le déficit.
4. Les connaissances.
Une bonne méthode de travail permet d’acquérir avec le minimum de temps et d’efforts les connaissances nécessaires à l’accomplissement de notre tâche. Elle nous enseigne que la culture n’est pas un amoncellement de savoir, mais doit enseigner à l’homme à penser et former son jugement.
Pour celui qui travaille méthodiquement, acquérir des connaissances est un moyen de se développer personnellement et d’augmenter par là son ressort moral. C’est pourquoi l’acquisition de connaissances nouvelles est pour lui une activité stimulante et agréable. Il sait qu’on n’a rien sans peine, et il utilise à bon escient les connaissances acquises pour réaliser plus rapidement ses buts.
Pour s’instruire, il met à profit la technique de l’étude efficiente, l’art de recueillir les connaissances et les informations et de rechercher des idées, etc.
5. Le capital psychique.
L’homme oublie trop souvent combien, indépendamment de son cerveau, son rendement peut être influencé positivement ou négativement par son attitude mentale.
La volonté et le sentiment peuvent déjà à eux seuls, en tant qu’éléments psychiques, détruire les plus belles constructions de l’esprit et les meilleures intentions, si leurs tâches et leurs limites ne sont pas suffisamment connues et dirigées.
Une méthode de travail trop dominée par la volonté peut conduire à la tension cérébrale et finalement à une véritable stérilité. Des sentiments non ordonnés ou non dominés favorisent le trouble de l’esprit, obscurcissent le jugement et paralysent les décisions.
L’effet de notre attitude morale se manifeste aussi dans notre capacité ou notre incapacité de garder chaque jour une humeur égale.
L’homme est productif dans la mesure où il réussit à être chaque jour positif.
Seul l’homme qui, en dépit des difficultés, garde une attitude positive à l’égard de son travail, de ses problèmes et des circonstances, peut avoir le maximum de rendement, sans frottements et sans mettre exagérément à contribution les forces dont il dispose.
Un poète a dit avec raison : « l’homme moderne ‘chauffe’ trop facilement : il lui manque le lubrifiant de l’amour. »
6. L’intuition, la force créatrice.
Bien des systèmes de travail ont toujours surestimé le rôle de la volonté et de la raison et marqué peu de compréhension pour ce côté du travail intellectuel. Ceci parce que ni l’intuition ni la force créatrice rie sont des éléments que l’on peut saisir avec la pensée théorique ou purement rationnelle.
Parmi les naturalistes, des esprits en apparence purement matérialistes ont en réalité accordé à l’intuition l’importance qu’elle mérite. Un de leurs représentants les plus éminents parle de l’intuition comme d’une sorte de vision spirituelle, de lumière intérieure qui s’impose irrésistiblement à celui qui y prête attention.
Deux phrases sont particulièrement significatives : C’est sur l’expérience que se fondent toutes nos connaissances et c’est d’elle qu’elles sont issues… C’est sur l’intuition que reposent toute la certitude et l’évidence de ce que nous savons.
Une des tâches les plus élevées d’une bonne technique du travail consiste à tirer parti de l’intuition et à aider la force créatrice qui est en l’homme à percer.
7. La technique du travail.
Son rôle se limite à mettre en œuvre méthodiquement et au bon moment tous les moyens intellectuels et matériels dont nous disposons et tous les facteurs que nous avons repérés par l’inventaire minutieux de nos forces et de nos faiblesses.
Lorsque vous chercherez de nouvelles idées, les sept conseils suivants pourront vous être utiles :
1. Définissons clairement notre but.
Il est avant tout nécessaire de nous représenter clairement ce que nous voulons atteindre. Qu’il s’agisse d’un problème personnel ou professionnel, il ne suffit pas de désirer vaguement une idée. Nous ne nous rapprocherons de la solution qu’en serrant de près les données pratiques et immédiates du problème.
Plus nous fixerons notre tâche avec précision, plus nous trouverons facilement la solution de nos problèmes.
2. Essayons de penser en notions simples.
C’est plus facile à dire qu’à faire. Nous nous en apercevrons si nous nous astreignons par exemple à nous exprimer en phrases claires, nettes et simples.
Les hommes qui réussissent ont appris à discerner l’essentiel du secondaire et, par là saisir le fond d’un problème.
II est toujours possible de ramener un problème, même très compliqué, à des données élémentaires. Si nous n’y parvenons pas, c’est qu’il nous manque encore certains faits. Commençons par les recueillir.
Observons une fois des enfants lorsqu’ils réfléchissent. Avec une question simple, ils attaquent directement l’essence du problème : Pourquoi une voiture avance-t-elle quand ses roues tournent ? Pourquoi le poisson peut-il nager ? Pourquoi le charbon est-il noir ?
Si nous avons désappris à penser en concepts simples, il faut nous y réexercer.
3. Posons-nous intelligemment en ignorants.
Autrement dit, gardons-nous d’aborder un problème avec des opinions préconçues. Ce que nous voulons, ce ne sont pas des opinions, mais des faits.
Naturellement, chaque sot peut poser des questions. Se poser intelligemment en ignorant, ce n’est pas simplement questionner. Les questions doivent être posées de manière à nous rapprocher de l’essence de notre problème.
4. Cultivons la faculté de voir des possibilités là où les autres ne les cherchent pas.
Si nous ne sommes plus à même de chercher, de regarder et de transposer à nos propres problèmes ce que nous voyons, nous serons pauvres en idées. Que faire? Laisser tomber les préjugés particulièrement encombrants et nous préparer à accueillir des données nouvelles.
5. Utilisons notre imagination et notre fantaisie, mais en ayant soin de les contrôler et de les discipliner.
Aussitôt que nous avons défini notre but et que nous réfléchissons en posant des questions, notre fantaisie commence à travailler. Il suffit de veiller à ne pas trop nous éloigner de notre sujet, et à revenir toujours à des concepts simples.
La voie que nous voulons emprunter pour atteindre notre but ne doit pas absolument être toute nouvelle. En somme, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout ce qui est nouveau découle de ce qui existait déjà. Ne permettons donc pas à notre fantaisie de trop s’écarter. Obligeons-la à rester aux faits concrets et évidents.
Mais nous n’avons toujours encore pas l’idée qui devrait se développer en partant de la réalité et des faits. Où en trouverons-nous la clé ?
6. Ne nous perdons pas dans des subtilités, mais réfléchissons. Et même, sachons arrêter nos réflexions à temps.
A certains moments, il faut savoir oublier complètement les problèmes qui nous préoccupent. Il est vain de vouloir trouver une idée en maintenant son cerveau sous pression.
Un proverbe dit que l’arbre que nous plantons croît pendant notre sommeil. Il en est de même d’une idée dont le germe a pénétré dans notre cerveau.
Stimulons notre esprit en puisant aux meilleures sources d’information qui soient à notre disposition, réfléchissons intensément aux suggestions recueillies, puis commutons sur autre chose : égayons-nous, faisons du sport ou du jardinage, jouons avec nos enfants, étendons-nous au soleil, flânons.
Oublions complètement nos problèmes. L’idée nouvelle surgira au moment où nous y pensons le moins.
Combien oublient qu’en définitive, ce n’est pas avec notre pupitre que nous travaillons, mais avec notre cerveau.
7. Assurons-nous la collaboration du subconscient.
Le sixième précepte de ce bref guide pour la recherche d’idées repose déjà sur le travail du subconscient.
Les hommes qui accomplissent un travail créateur connaissent depuis longtemps et utilisent — consciemment ou inconsciemment — la collaboration du subconscient pour rechercher des idées ou résoudre des problèmes très difficiles.
Le subconscient a des possibilités d’action positives et négatives. Jusqu’ici, la psychologie s’est beaucoup trop peu occupée des fonctions positives.
Le subconscient n’est pas seulement un foyer d’instincts obscurs, mais aussi l’élément encore inconnu qui féconde notre pensée, projette dans notre esprit la solution de nombre de nos problèmes et nous conduit à des décisions importantes.
Nous pouvons nous recueillir dans le silence, nous mettre à dormir, vaquer à telle ou telle occupation des heures de loisir. Le subconscient répondra sans peine aux questions que nous lui aurons données à résoudre.
Naturellement, nous devons remettre à notre subconscient nos problèmes sous forme de tâches concentrées. Pour chaque question, il faut d’abord rassembler les principaux faits et observations. Il faut que notre esprit se soit au préalable occupé intensément de tout ce que nous savons sur le problème à résoudre.
Nous pouvons ensuite laisser toute la tâche à notre auxiliaire créateur, à notre subconscient.
Suivez ces sept étapes, et vous trouverez des idées.
Il est surtout important d’aller au fond des choses et de penser en concepts simples.
Les faits que vous découvrez vous donnent des bases pour votre pensée constructive. La fantaisie peut être disciplinée au point de devenir une forme de pensée naturelle et utilisable. A ce moment, les idées viennent plus facilement.
Et ce sont des idées qui peuvent être appliquées à vos problèmes, à votre activité professionnelle.
Pour bien des gens, les idées sont tout simplement des inspirations reçues dans un bon moment. En réalité, presque chaque inspiration digne de ce nom s’élabore lorsque notre esprit est suffisamment stimulé par l’étude du problème.
Il est établi que quelques-unes des idées les meilleures et les plus fructueuses de notre civilisation ont leur origine tout à fait en dehors du rayon d’action de celui qui les a trouvées.
Les idées les meilleures se trouvent souvent en dehors de notre branche
Souvent, les idées les meilleures ne sont pas découvertes et exploitées par les spécialistes de la branche en question, mais par des outsiders, qui ne connaissent rien ou très peu de chose de la branche. Et les suggestions de valeur viennent le plus souvent non pas des milieux professionnels, mais de domaines très éloignés.
C’est ainsi que, de huit inventions importantes dont profitèrent les chemins de fer, aucune ne fut faite par un spécialiste de la branche.
Morse, qui inventa le télégraphe, était un artiste. Pullmann était constructeur de routes, et les compagnies ferroviaires refusèrent d’abord de mettre ses wagons-lits en service. Janney, qui inventa le premier attelage automatique des wagons, était vendeur dans un magasin. Le système des signaux de bloc automatiques est dû à l’invention d’un fabricant de textiles, Thomas S. Hall.
Westinghouse était charpentier. Il avait 23 ans lorsqu’il inventa le frein à air. Un médecin eut l’idée des soufflets qui relient les wagons attelés. Le wagon-frigorifique fut principalement l’œuvre des fabricants des conserves de viande. Le premier projet de locomotive électrique fut créé par un ancien instituteur.
Un grand inventeur de notre époque déclare : « Un homme qui pense connaître sa branche à fond et qui est au courant de tous les détails ne fera jamais d’invention importante. Il connaît trop de difficultés. C’est seulement dans un domaine où, faute de connaissances suffisantes, il croit tout possible, qu’un homme peut vraiment tout. »
C’est pourquoi celui qui se cantonne dans sa branche reste prisonnier de son horizon limité.
Celui qui veut trouver des idées et des suggestions ne doit pas les chercher seulement dans sa branche.
Au milieu du dix-huitième siècle, les papetiers de Regensburg se réunirent pour discuter de la situation catastrophique dans laquelle les mettaient la pénurie de chiffons pour la production de papier d’une part et la demande accrue de papier d’autre part. Ils décidèrent de demander au pasteur Jacob-Christian Schaffer si l’on ne pourrait pas fabriquer du papier en partant d’une autre matière.
Schaffer était un savant très considéré. Il réfléchit sérieusement à la façon de venir en aide aux papetiers. Différentes idées lui traversèrent le cerveau.
Il se souvint que le Français Réaumur avait découvert récemment que les guêpes faisaient leur nid avec du bois. Or, les nids de guêpes ne paraissaient-ils pas être en papier ? Les hommes devaient donc aussi pouvoir faire du papier de la même manière.
Schaffer observa inlassablement le travail des guêpes. Il vit comment elles arrachaient les petites fibres du bois, les humectaient avec le liquide gluant de leurs mâchoires et les malaxaient jusqu’à ce qu’elles prennent la forme d’une bouillie pâteuse.
Fort de ses observations, Schaffer se mit en devoir de reconstituer en grand le travail des insectes. Effectivement, il réussit à faire du papier avec des copeaux : c’était le premier papier de bois. Il montra aux générations montantes comment on transforme le bois en une matière pâteuse et cette dernière en minces feuilles de papier.
L’idée de Schaffer fut le point de départ de notre ère du papier.
Les caisses et les baquets des arbustes du jardinier Joseph Monier pourrissaient.
Il les entoura de béton. Comme son cercle de béton se désagrégeait toujours, il eut l’idée de comprimer dans la couche de béton un treillis en fil de fer. Le béton tint fort bien. Le béton armé était né, ce béton armé sans lequel on ne pourrait concevoir nos actuels travaux de construction, parfois si audacieux.
En 1904, dans le laboratoire du savant français Bénédict, une bouteille tomba d’une étagère. D’après les expériences courantes, elle aurait dû voler en éclats.
Or, fait étonnant, la bouteille ne présentait qu’une série de fissures. Elle avait conservé sa forme, et il n’y manquait pas le moindre fragment.
Bénédict se souvint qu’il y conservait une solution de colidium. Le contenu s’était volatilisé, en laissant une fine couche de nitrate de cellulose sur les parois de la bouteille.
Quelques jours plus tard, le savant lut dans un journal la relation d’un accident d’automobile. Une femme avait été grièvement blessée par des éclats de verre.
Les deux faits s’associèrent dans le cerveau de Bénédict. Il fit des essais et des recherches qui aboutirent à la création du verre incassable.
Les idées les meilleures se trouvent souvent en dehors de notre branche
Un homme du nom de Sachs, à qui la fabrication des cycles était tout à fait étrangère, faisait une descente à bicyclette. On ne connaissait alors que la roue fixe. Ne pouvant retenir le mouvement des pédales, Sachs fit une chute.
Quelque temps après, cette chute fit naître dans son subconscient l’idée de créer la roue libre et le frein à rétropédalage. C’est en somme cette idée qui a fait de la bicyclette ce qu’elle est aujourd’hui : le moyen de locomotion le plus économique de notre époque.
Longtemps après l’invention de la bicyclette, on roulait encore sur des roues de bois, sans ressorts. Sur les mauvaises routes de l’époque, ce n’était certainement pas un plaisir. En 1885, le vétérinaire écossais Dunlop avait offert à son fils une de ces bicyclettes. Et comme le garçonnet se plaignait un jour que les chocs lui faisaient mal, son père eut l’idée de gonfler d’air un morceau de son tuyau d’arrosage, de l’attacher et de le fixer d’une manière primitive autour des jantes.
Cela allait déjà beaucoup mieux. On était moins cahoté. A l’instigation d’un cycliste étranger, Dunlop fit breveter son idée. Peu de temps après, il fonda la maison Dunlop, maintenant connue dans le monde entier.
En guise de conclusion à tous ces exemples, habituons-nous à regarder, à observer, et nous découvrirons dans les mille choses que nous voyons, entendons et vivons chaque jour une source précieuse d’idées et de suggestions.
Sachons en faire notre profit.
Des quantités de gens — le fait n’est presque pas croyable — convaincus que ce qui a été fait jusqu’à présent ne peut pas être surpassé, et mus par une inexplicable aversion pour ce qui est nouveau et mieux, combattent carrément les idées nouvelles.
L’histoire des meilleures inventions le confirme et nous prouve que présenter des idées, même excellentes, est une tâche difficile et ingrate. Cela nous explique qu’un conseil de publicité bien connu et doué d’une imagination fertile ait décidé de lâcher le métier. Il dirige aujourd’hui un grand restaurant, qui marche très bien, et déclare qu’il est plus facile de faire avaler à un homme une saucisse ou un beefsteak qu’une idée, même lumineuse.
Celui qui a de bonnes idées ne devrait pas les mettre au frigo !
Certains cherchent dans les revues professionnelles des idées que personne n’ait encore employées. Ils croient qu’une bonne idée est une question de chance, et que seule une idée nouvelle, qui n’a jamais existé auparavant, peut les conduire au succès.
En fait, il ne s’agit pas de trouver quelque chose d’unique et d’inédit, mais de voir les possibilités qui existent.
Les personnes qui cherchent toujours une idée unique laissent passer les plus belles occasions. Les meilleures suggestions des revues professionnelles leur échappent.
Que quelqu’un présente quelque chose de nouveau ou dise quelque chose d’une manière nouvelle, ces personnes vous déclareront que ce n’est rien de neuf et qu’elles y ont déjà pensé depuis longtemps.
Nous croyons que l’un des secrets de nombreux hommes qui réussissent est la faculté de voir des possibilités là où les autres ne les cherchent pas.
Les idées ont une valeur plus durable que toutes les monnaies
Dans l’activité professionnelle, la monnaie la plus stable n’est pas celle en métal ou en papier, mais l’idée.
Pour faire un franc suisse, il faut cent centimes. Mais une seule idée, conçue par une imagination positive, peut rapporter des milliers de francs.
Donc, si nous comparons la valeur des moyens de paiement courants à celle d’une bonne idée, nous donnerons toujours la préférence à l’idée.
Chaque fois que, dans la pratique, il faut mesurer et estimer des valeurs, l’avantage restera à l’homme et à l’entreprise qui mettent en pratique les idées les meilleures.
Les idées ont leur valeur en francs et centimes tout comme n’importe quel papier-valeur. Il suffit qu’elles soient pratiquement utilisables et exploitées avec habileté et persévérance.
Ce sont les idées, et non la sueur, qui font progresser les hommes et les nations.
Une seule bonne idée est souvent plus précieuse qu’une liasse de papiers-valeur ou que des milliers de francs en espèces. Car si l’idée est bonne et utilisable, elle rapportera davantage d’intérêt.
Nous avons besoin d’idées !